Pour combattre le chômage, il n’y a pas de solution pratique ou de traitement social qui tienne. Car l’emploi n’est pas une chose en soi, mais le révélateur de l’état d’une société qui s’engage à assurer son avenir ou y renonce. Elle y renonce en France et dans le monde occidental depuis plus de trente ans, lui préférant une comédie du pouvoir dans laquelle on se paie de mots et de postures pour cacher sa soumission à l’austérité financière et son incapacité à légiférer pour le bien commun.
La crise financière qui éclate aujourd’hui est ainsi une crise de civilisation, dans laquelle le chômage n’est pas le fruit d’un accident ou une erreur de parcours, mais une conséquence des choix qui ont été faits.
C’est pourquoi, si on veut réellement le combattre, il ne sert à rien de changer de musique dans le bateau qui coule. C’est l’orientation politique d’ensemble qu’il faut de changer, en redonnant priorité absolue au travail et à la création humaine, sans continuation du mondialisme financier ni repli national impuissant. Utopie ? Non, car les pays membres des BRICS nous offrent l’alternative d’un ordre économique gagnant-gagnant, unissant l’espace eurasiatique et pacifique à une Europe des patries se retrouvant autour de grands projets. Facile ? Non, car il s’agit de créer une solution sans précédent qui n’exclue pas mais inclue de nouveaux partenaires par sa dynamique. Le travail humain ne doit plus être considéré comme un coût à réduire ou une variable d’ajustement, mais comme un apport transformateur nécessaire à l’avenir du monde.
Séparation des activités bancaires, politique de crédit public, planification indicative et retour à une logique de banque nationale constituent les instruments de l’orchestre à réunir pour pouvoir jouer cette nouvelle partition.
Cependant, si cet indispensable dispositif de long terme doit être mis en œuvre, les chômeurs ne peuvent en attendre les effets. La révolution du numérique et de la robotique rend une mobilisation immédiate d’autant plus urgente. C’est pourquoi je propose de créer un vrai service public de l’emploi, faisant du sur mesure et du cousu main. Ses salariés recevront une formation sur les métiers du futur et ceux faisant aujourd’hui l’objet de demandes (soudeurs, par exemple), afin qu’ils puissent dès le départ disposer des moyens et du temps pour informer les chercheurs d’emploi sur leurs possibilités et les aider à constituer leur dossier. Pôle emploi recevra les moyens informatiques lui permettant de traiter dans les délais les plus brefs les dossiers les plus anciens. L’on pourra ainsi mieux anticiper plutôt que réagir.
Pour marquer cette mobilisation, on mettra immédiatement en œuvre deux mesures, partant du fait qu’une personne au chômage souffre, se désocialise et coûte environ 15 000 euros par an (RSA et autres prestations).
La première mesure consistera à proposer systématiquement aux chômeurs de longue durée des CDI dans des entreprises sociales et solidaires. L’Etat et les collectivités financeront ces emplois en réaffectant à cet effet le coût du chômage, le reste du salaire étant pris en charge par l’entreprise. La seconde mesure consistera à défalquer des charges de toute entreprise embauchant un chômeur une partie des coûts du chômage pour l’État.
L’apprentissage doit être réorganisé pour devenir la voie normale d’accès aux qualifications professionnelles de niveau bac, la rémunération des enseignants étant revalorisée. La simplification du système de rémunération des apprentis doit en même temps permettre aux PME d’y voir plus clair.
Quant à la formation professionnelle, qui engloutit 32 milliards par an, elle devra remettre la réduction du chômage au poste de commande, en proposant sessions longues ou courtes en vue des métiers d’avenir et sans subir d’influences corporatistes.
Ce que j’avance ici forme un tout. Car c’est seulement en alimentant une vraie croissance de l’économie physique productive que le chômage reculera.