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Corruption

samedi 11 avril 2015

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L’édito de Jacques Cheminade

Le suicide de Jean Germain, sénateur socialiste et ancien maire de Tours, pose brutalement la question de la corruption. Le délit dont on l’accusait était pourtant contestable et ne lui avait personnellement rapporté aucun avantage financier. Il avait, au cours de trois mandats successifs unanimement reconnus comme bénéfiques à sa ville, organisé une affaire de mariages chinois collectifs ayant pour but d’attirer des touristes dans sa région et pour conséquence d’enrichir sa maîtresse. Le procureur s’apprêtait à requérir contre lui de la prison ferme pour ces faits.

On jugera de leur importance en les comparant à d’autres bien plus graves et qui demeurent impunis. Alors, tous pourris ? Non, car ce sont les fondements mêmes de notre société qui sont corrompus, et l’on crie haro sur les baudets dont nous viendrait tout le mal, au lieu de s’en prendre aux causes mêmes de la corruption.

Le sens originel de corruption n’est d’ailleurs pas celui qui vient généralement à l’esprit. Ce n’est pas seulement détourner de l’argent public ou privé, ou servir des pots-de-vin, mais une altération de la substance par décomposition. Si l’on juge ainsi ce qui se passe dans notre société, on touche à la nature de sa maladie sans se laisser fasciner par ses symptômes.

Voilà un système politique connaissant la première génération à vivre, en temps de paix, moins bien que ses parents. Voilà un président de la République qui, contrairement à ses promesses de campagne, n’a pas remis le monde de la finance à sa place et a continué les politiques d’austérité. Pire encore, alors que le peuple grec n’a bénéficié que d’environ 10 % des sommes qu’on lui réclame, et que les grandes banques européennes et le Fonds monétaire international se sont enrichis à ses dépens, voilà que Pierre Moscovici, endossant ses habits de nouveau commissaire européen, et Michel Sapin, notre ministre des Finances, tiennent des propos scandaleux. Pierre Moscovici de dire : « La question est de savoir, maintenant, si le gouvernement grec est capable de présenter un programme de réformes sur lequel il n’a pas été élu. » Et Michel Sapin : « Il faut qu’Alexis Tsipras fasse atterrir ses troupes et que Syriza redescende sur terre... La dissuasion du faible au fort, ça ne marche pas. » Voilà le témoignage d’une corruption des esprits qui est la pire de toutes.

Commentaire d’un bien-pensant, M. Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain : « La France n’a pas pris de mesures d’austérité. » Jugement corrompu d’un privilégié. Alors que la majorité des revenus nets des consommateurs européens, qui n’ont augmenté que de 8,5 % au cours de ces cinq dernières années, est consacrée aux produits et services nécessaires, devenus, eux, de 20 à 50 % plus chers !

Résultat : sur le devant de la scène politique, coucou les revoilà ! C’est Nicolas Sarkozy contre François Hollande, un chef de bande contre un chef de bureau. Avec un Front national qui rassemble trois fois plus de jeunes que le Mouvement des jeunes socialistes et se dédiabolise en se gorgeant de fonds étrangers. Nouvelle définition du mot « national ».

La vérité est que tous pensent à prendre le pouvoir sans projet, en s’efforçant de produire un miel synthétique qui attirera ce qu’ils considèrent comme des mouches électorales. Voilà la vraie corruption ! Et les plus corrompus nous diront que c’est la faute aux Etats, aux élus et pourquoi pas à la République, comme Jean-Marie Le Pen l’a dit tout haut, en espérant garder un pouvoir qu’ils ont privatisé en faveur de leurs oligarchies et de leurs dynasties.

Alors oui, dans notre paysage politique bouleversé, notre seul choix pour sauver une certaine idée de la France est de la remettre au service des générations futures et de l’humanité, en faisant du projet des BRICS un nouveau Conseil national de la Résistance à l’échelle du monde.


L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.


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