François Hollande vient d’annoncer son objectif de réduire la consommation d’énergie de 50 % d’ici à 2050 et la consommation d’hydrocarbures de 20 % d’ici à 2030. Il a rappelé son engagement de campagne sur la limitation de la part du nucléaire de 75 % à 50 % de la production d’électricité d’ici à 2025. En même temps, il a affirmé que d’importants investissements en matière d’innovations technologiques permettraient de maintenir la croissance. Il prétend ainsi que le développement économique est compatible avec une diminution lourde de la consommation d’énergie. Ce pari, celui du « découplage », est non seulement absurde mais il va à l’encontre de ce qui définit l’être humain, sa capacité de connaître les lois de l’univers et de les appliquer pour le bien commun.
Ce mariage de la carpe et du lapin ne peut avoir de descendance. Les choix de la science ne sont pas de même nature que les synthèses d’un congrès politique. Même une analyse statistique, comme celle que propose Yves Cochet, le montre : depuis 1970, chaque augmentation de 1 % du PIB mondial s’est accompagnée d’une augmentation de 0,6 % de la consommation d’énergie. Le choix est donc clair : baisse de la consommation d’énergie et décroissance, ou hausse de la consommation d’énergie et croissance.
Le problème est que nos chefs d’Etat, depuis plus de quarante ans, n’ont pas réellement de culture scientifique, artistique et philosophique. A la décharge de François Hollande, il n’est pas une exception. Aucun ne peut ou ne veut comprendre que ce qui a marqué toute l’histoire humaine et permis ses progressions, est la hausse de la densité du flux d’énergie. Interrompre cette évolution, produire moins d’énergie par être humain, par unité de surface et par masse de matière apportée, ne peut que conduire à notre autodestruction. Vouloir financer cette « transition énergétique » vers le passé grâce aux bénéfices d’EDF sur le nucléaire n’a donc aucun sens, si ce n’est de renoncer à alimenter la croissance des générations futures. En clair, comme le veut l’oligarchie financière dominante, réduire la population car on se rend incapable de nourrir l’économie.
Il est ainsi ridicule que M. Hollande puisse prétendre, le 30 septembre à Cherbourg, que les quatre fermes hydroliennes, subventionnées par l’Etat à hauteur de 30 millions d’euros, pourraient fournir une puissance de 3 GWh, soit l’équivalent de trois réacteurs nucléaires. Même ses conseillers ont trouvé cette prévision « un peu optimiste » .
Soyons donc politiquement sérieux. Aujourd’hui, la fission nucléaire est la forme de production d’énergie dont la densité de flux est la plus élevée. Demain, ce sera la fusion. Il s’agit de maîtriser des principes physiques permettant d’assurer le progrès, c’est-à-dire de nourrir plus et mieux davantage d’êtres humains en développant la qualification de leurs emplois et leurs capacités créatrices. Il ne s’agit pas d’un choix technique, mais d’un choix de société et d’avenir. Disons-le brutalement : nous vivons dans une société qui s’efforce par tous les moyens d’empêcher l’expression de la créativité humaine et de la justice sociale. En la noyant, comme le font les banques centrales, sous de la fausse monnaie qui enrichit à très court terme 5 % de la population.
Développer la fusion thermonucléaire, c’est au contraire fixer un horizon long meilleur pour tous. C’est remplacer un système monétariste prédateur par un système de crédit public finançant l’avenir.
Le changement ne peut se produire dans le temps court, mais ce qui compte aujourd’hui, c’est de changer de direction. Le créateur ne pense pas à opprimer ou dominer son semblable : il a quelque chose de mieux à faire.
Celui qui vend des illusions se rend, lui, complice du prédateur, même si c’est par ignorance.
L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.