Paris, le 7 novembre 2012 – Le 20 et 21 novembre va se tenir la réunion des ministres européens de l’Espace, à Naples. Cette réunion sera décisive pour le futur programme ExoMars. En effet, il manque environ 350 millions d’euros pour boucler son budget total de 1,2 milliards d’euros. Il serait honteux qu’outre les engagements fermes pris par les pays membres de l’ESA (Agence spatiale européenne) en 2008, pour une somme de 850 millions d’euros, il manque les 150 millions supplémentaires promis par les Etats membres et les 200 autres millions qu’il reste à réunir pour parvenir au total.
Geneviève Fioraso, notre ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a affirmé qu’elle « soutient ExoMars » mais qu’il « apparaît difficile, pour la France, d’augmenter le montant de sa contribution à ce programme ». Rappelons que le budget annuel de l’ESA est d’environ 4 milliards d’euros et que le budget pluriannuel d’ExoMars représente 30 % de cette somme annuelle ! Le financement de l’ESA est donc l’équivalent d’un ticket de cinéma par Européen et celui d’ExoMars, moins d’un tiers de ce même ticket ! Alors qu’on émet sans peine des milliers de milliards pour sauver les marchés financiers et renflouer les joueurs, on ne serait pas capable de trouver 200 millions pour un programme essentiel à notre avenir ? Si rien n’était décidé ou si, comme on le murmure, la France plaidait pour qu’ExoMars suive une cure d’amaigrissement, cela montrerait aux yeux de tous que c’est à une Europe de l’argent roi et de la tutelle financière que s’adaptent les Etats européens. Cette Europe-là n’a plus rien à voir avec celle de ses pères fondateurs. ExoMars est une chance de démontrer, sur un point déterminant, que nous devons bâtir une autre Europe, hors du carcan financier de l’euro et des banques d’investissement qui le parrainent.
L’immense intérêt d’ExoMars, après une première phase prévue pour 2016, est de prévoir pour 2018 l’amarsissage d’un rover européen muni d’une foreuse, qui prélèvera à 2 mètres de profondeur des échantillons où d’éventuelles traces de vie, passée ou actuelle, ont plus de chances de se trouver qu’à la surface de la planète. C’est un immense défi pour la Russie, chargée de lancer le rover avec une fusée Proton et de le poser. C’est aussi le complément de Curiosity, car les informations que communiquera ExoMars seront indispensables pour les explorations futures, et notamment pour la mise en place sur Mars d’instruments de détection des astéroïdes qui menacent la Terre.
Certains journalistes, et aussi des responsables politiques, ont tenté de ridiculiser le « volet spatial » qui figurait dans mon projet présidentiel. C’est un symptôme d’une société attachée au présent et au monde de l’argent, et non au service des générations futures. Il a été établi que l’effet multiplicateur, au sein de l’économie, des investissements dans les industries spatiales au cours des dix dernières années a été entre 4,5 et 6,2 lorsqu’on considère les effets sur les chaînes de production et les effets indirects, et de 8,5 à 9,7 en incluant les effets sociétaux. Cependant, bien plus encore que ces chiffres, « l’exploration spatiale enrichit et renforce le futur de l’humanité. Chercher à répondre à des questions fondamentales telles que ‘d’où venons-nous ?’, ‘quel est notre rôle dans l’univers ?’, et ‘quelle est notre destinée’ peut amener les nations à coopérer en vue d’une cause commune, susciter de nouvelles connaissances, inspirer la jeunesse et stimuler l’innovation technologique et commerciale sur Terre » . C’est ce que déclaraient les principales Agences spatiales du monde en 2007. C’est encore plus vrai, si l’on peut dire, aujourd’hui, dans un monde menacé par une austérité sociale destructrice, la dictature du court terme et une escalade vers un affrontement militaire à partir de ces nouveaux Balkans que sont le Proche et le Moyen-Orient.