Par Jacques Cheminade
Paris, le 20 août 2019 — Si l’on en juge par ce qu’en rapportent les médias, la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine n’a apporté aucun élément concret concernant la politique internationale ou les relations franco-russes.
Cependant, l’important est d’abord qu’elle ait eu lieu. Ensuite, que par delà l’échange prévisible d’aménités sur les conditions de répression des manifestants dans leurs pays respectifs, Emmanuel Macron puisse jouer le rôle d’intermédiaire entre le G7, qui se tiendra à Biarritz cinq jours après, et Vladimir Poutine.
Enfin, en déclarant sa volonté de « réarrimer la Russie à l’Europe parce que c’est son histoire » et en insistant sur « une nouvelle architecture de sécurité et de confiance sur le continent européen qui irait de Lisbonne à Vladivostok », Emmanuel Macron ouvre un jeu important. Un nouveau sommet en « format Normandie » se trouve esquissé, mais encore faut-il qu’il puisse aboutir à des résultats concrets, ce qui suppose que Volodymyr Zelensky accepte de consentir à la région du Donbass une réelle autonomie, sous forme d’un statut fédéral.
Il faut cependant voir au-delà de chacun des sujets évoqués. Le défi n’est pas entre la France et la Russie, mais que la France et la Russie mettent tous leurs efforts à instaurer un nouvel ordre économique et monétaire international gagnant-gagnant.
Il ne s’agit pas d’un « environnement géopolitique à réinventer », comme l’a déclaré Emmanuel Macron, mais de mettre fin aux visions géopolitiques d’inspiration impériale britannique et de lui substituer un nouveau pas pour l’humanité vers des initiatives communes : politique spatiale ambitieuse, recherche et développement en matière de fusion thermonucléaire contrôlée, la source d’énergie de demain, désarmement nucléaire, élimination des déchets dans les océans et des débris dans l’espace proche, et libre développement du continent africain.
Elever le débat est le défi de notre époque, pour rétablir une culture de la vie et de la découverte, fondée sur l’intérêt général et l’avantage d’autrui, incluant les principaux pays du monde par delà le pré carré occidental. La France, notamment auprès de la Chine et des Etats-Unis, peut et doit jouer un rôle d’inspirateur, de médiateur et de catalyseur, si nous voulons réellement retrouver le souffle qui inspira Charles de Gaulle et Pierre Mendès-France, cette fois de l’Atlantique à la mer de Chine. Le XXIe siècle doit mobiliser pour la paix ce que le XXe siècle voua trop souvent à la guerre et à l’exploitation des êtres humains.