France info accuse Lyndon LaRouche de complotisme : pourquoi c’est déterminant aujourd’hui
par Jacques Cheminade, président de Solidarité et Progrès.
Paris, 11 septembre 2021 — Au sein d’un programme intitulé Complorama, lancé le 3 septembre, Franceinfo s’en prend le 9 septembre à l’homme politique américain Lyndon LaRouche, aujourd’hui décédé. Il y est accusé de complotisme pour avoir déclaré que l’attentat du 11 septembre 2001 était
commandité depuis l’intérieur, par le gouvernement américain lui-même, pour justifier les guerres menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient.
Cette accusation s’insère dans la « logique » d’un programme de France Culture, intitulé Mécaniques du complotisme : les attentats du 11 septembre 2001, diffusé le 10 septembre 2019 et réactualisé aujourd’hui, sous la signature de Roman Bornstein et fondé sur les « travaux » de Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France.
Ce dernier programme proclamait que ce complotisme américain était arrivé en France « par l’entremise de Jacques Cheminade. » La même accusation se trouve formulée dans le dossier de l’Express sur Philippe de Villiers, publié le 3-9 juin 2021, pour lequel je serais « le véritable fondateur du complotisme politique à la française ».
Un bon journaliste doit multiplier et comparer ses sources, un mauvais fait circuler des rumeurs et fait appel aux opinions établies. Bien que les accusations ci-dessus relèvent de toute évidence de la seconde catégorie, il est nécessaire à ce stade de clarifier les choses et de fournir des éléments précis de jugement.
Lyndon LaRouche a été interviewé par téléphone au moment même où se produisaient les attentats du 11 septembre 2001, sur un programme radiodiffusé de Jack Stockwell depuis Salt Lake City. Il peut être aujourd’hui écouté sur Youtube, ce que je viens personnellement de refaire.
Il juge « à chaud » qu’il s’agit d’un attentat mettant en cause « l’intégrité des Etats-Unis » et que des faits spectaculaires de ce type sont de nature à entraîner des changements politiques de fond. Il souligne qu’un Oussama Ben Laden et ses complices ne peuvent l’avoir organisé seuls du fin fond de l’Afghanistan. Et, suivant son expérience, affirme que les quatre avions ont volé assez longtemps pour avoir pu être repérés par le système de défense aérien américain. Il en conclut qu’il s’agit d’une incompétence, tant au cours de la préparation des attentats que de leur suivi immédiat, du gouvernement et des responsables américains ou bien d’une personnalité ou d’un groupe de personnalités insérés dans le système et prêts à saisir une occasion, organisée ou non, pour imposer leurs vues.
La volonté de déstabilisation apparaît ici clairement, dit-il, et risque de justifier une réaction irresponsable et dangereuse du gouvernement américain. Il ne dit en aucun cas que l’attentat a été organisé par le gouvernement américain lui-même.
Il est clair, vu depuis aujourd’hui et ce qui est arrivé en Afghanistan, que d’une part 20 ans de guerre désastreuse ont suivi les attentats de 2001 et que le Patriot Act a été alors établi pour mettre en place aux Etats-Unis mêmes une « société de surveillance ».
En ce sens, oui, les Etats-Unis ont lancé leurs guerres et leurs interventions partout dans le monde, non par « responsabilité de protéger » la démocratie mais au nom des intérêts de la City de Londres et de Wall Street, c’est-à-dire de forces financières dominantes conscientes de voir leur existence menacée.
Pourquoi ? Et c’est ici que se situe l’essentiel de ce qui n’est pas dit de LaRouche. Il ne s’agit ni pour lui ni pour moi d’un quelconque « complot de forces obscures » mais d’une politique menée en plein jour par des forces politiques cachant à peine leurs desseins par des actes, même si elles s’efforcent de les masquer sous un flot de prétextes (vengeance contre le terrorisme, défendre un ordre juste, etc.).
En effet, LaRouche mentionne explicitement le contexte de crise du système financier et monétaire international qui porte les intérêts d’un capitalisme financier dévoyé à saisir l’opportunité de tels actes, voire à faire en sorte qu’ils se produisent.
LaRouche souligne dans son entretien du 11 septembre 2001 la nécessité de changer l’ordre financier et monétaire international – instaurer un Nouveau Bretton Woods – pour bâtir le fondement d’un ordre de stabilité par le développement mutuel des relations internationales et une coopération entre Etats de nature à réduire progressivement la possibilité de tels actes.
Les enquêtes ultérieures effectuées par les amis de LaRouche et parfois d’autres sources ont montré la protection offerte par des éléments officiels saoudiens à certains auteurs ou organisateurs des attentats en leur fournissant notamment des moyens, au moins financiers.
Cela a permis de mettre en cause l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis d’alors, le Prince Bandar, dont on connaît bien en France le rôle qu’il a joué dans les achats et le déploiement de matériels militaires. Il semble que sur cet aspect des choses les journalistes français traitant du 11 septembre se soient montrés beaucoup moins curieux.
(Voir à ce titre l’article de Paris Match du 5 janvier 2015, Les 28 pages qui gênent la Maison Blanche)
Les victimes des attentats elles-mêmes ont, à plusieurs reprises, exprimé leur volonté d’être mieux informées de ce qui s’était réellement passé que par les sources officielles existantes, ce qu’on appellerait aujourd’hui en franglais leur « narrative » ou le « storytelling ».
Le président Joe Biden lui-même vient de promettre de faire publier, dans les six prochains mois, des éléments du dossier classés jusqu’ici « secret défense ». Il y avait donc bien quelque chose de pourri dans l’affaire ; l’on espère que ceux qui répandent l’accusation de complotisme à tout va aient lu Hamlet.
Aujourd’hui, après la débâcle de l’Otan et des Etats-Unis en Afghanistan, l’établissement des responsabilités dans les attentats du 11 septembre revêt une importance déterminante.
En effet, ou bien nous continuons, en Occident, cette politique de guerre permanente devenue de plus en plus intense depuis 2001 et de moins en moins gérable à ce niveau - et aux conséquences désastreuses, y compris pour nous-mêmes -, ou bien nous savons tirer les leçons de la situation.
Cela revient à ce que LaRouche proposait en 2001 et depuis bien plus longtemps déjà : engendrer un nouvel ordre de paix et de stabilité par le développement mutuel dans le monde – un Nouveau Bretton Woods – ou bien aller vers un désastre économique et humain, et en fin de compte créer les conditions d’une guerre mondiale, ici encore soit par erreur humaine, soit par défi jusqu’au-boutiste de vouloir imposer son ordre par une oligarchie financière.
Dans la situation actuelle en France, le défi est de sortir du dilemme entre d’une part un ordre vertical « atlantiste » entraînant le démantèlement de nos atouts, industriels, agricoles, scientifiques et au sein de notre éducation nationale, et d’autre part, un contexte de manifestations de colère justifiées mais allant dans le mur faute de programme. Ce type d’environnement contrôlé correspond à la devise de l’impérialisme britannique, « diviser pour régner ».
Pour en revenir au conspirationnisme, il y a trois sortes de dangereux imbéciles :
- Ceux qui ne voient de conspiration nulle part, même au plein soleil de la raison,
- ceux qui en voient partout émanant de forces obscures ou d’Etats profonds sans en chercher les causes réelles,
- ou encore, parfois les pires, ceux qui multiplient les accusations contre ceux qui offrent des solutions pour sortir des dilemmes existants.
En tout état de cause, nous devons tous en revenir aux sources des choses et non propager des rumeurs infondées. En appliquant ce principe au sommet, à partir duquel se définissent les choses, et en cherchant inlassablement les solutions pour aboutir à un accord à un niveau relativement supérieur là où une entente entre êtres humains à un niveau inférieur apparaît impossible.
Cela s’appelle la coïncidence des opposés par le développement mutuel, seule garantie d’être soi-même meilleur. Sans déformer la pensée d’un homme décédé et en examinant dans ses écrits et ses interventions ce qu’il a pu apporter au monde de son vivant.