La France avec les yeux du futur

Guerre et paix

mercredi 15 janvier 2020

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Nous sommes à un moment de l’histoire où la France doit avoir quelque chose à dire au monde. Alors que la guerre menace, notre pays doit parler au nom de la cause de l’humanité. Or, au sein d’une Europe inféodée à l’atlantisme financier et donc réduite à l’impuissance, nous avançons en somnambules. Nous laissons vendre notre industrie à la découpe et notre armée est devenue incapable d’assurer notre indépendance puisqu’elle dépend de la logistique et des données américaines. Les mafias de la City de Londres, de Wall Street et de Silicon Valley exercent un pouvoir de fait à Paris.

Il est temps de nous ressaisir, en faisant appel aux sources profondes de notre souveraineté nationale que sont la justice sociale et le bien commun. Elles seules peuvent mobiliser notre peuple en lui redonnant espérance et estime de soi. Or notre gouvernement se livre, sur la question fondamentale des retraites, à une arnaque au nom d’un équilibre financier qu’il cherche à imposer aux travailleurs, alors que partout règnent le déséquilibre et le détournement de fonds en faveur des nantis. Il n’y a pas meilleure façon, en propageant l’injustice, de faire taire et de démobiliser notre pays. La trahison sociale nourrit ainsi la trahison nationale.

 Rendre justice au travail humain

Le « deal », car on est bien dans le domaine du franglais, proposé par Edouard Philippe et accepté par Laurent Berger, repose sur une tromperie éculée : on donne d’une main ce qu’on reprend de l’autre. Le retrait de l’âge pivot est accompagné d’un « impératif d’équilibre qui sera inscrit dans le projet de loi ». En vertu de quoi ce projet comportera… un « âge d’équilibre » ! La question du financement du système sera tranchée par une conférence réunissant syndicats et patronat, qui devront rendre leurs conclusions dès la fin d’avril. En cas d’accord, la loi qui en découlerait ferait sans doute l’objet de la procédure du 49/3 pour éviter un vrai débat au Parlement. En cas d’échec, le Premier ministre « prendrait ses responsabilités », faisant passer « par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre l’équilibre d’ici 2027 et financer les nouvelles mesures de progrès social ». C’est une démocratie enfermant les partenaires sociaux dans un corset, « sans hausse du coût du travail pour garantir la compétitivité de notre économie ». Faux progrès social, compétitivité en faveur des possédants, le tout assaisonné de l’insupportable novparler du « management ».

Le gouvernement laisse ainsi en suspens les questions fondamentales de la pénibilité, des carrières longues, du pouvoir d’achat des enseignants et de l’emploi des seniors. Il offre une fausse solution sur l’emploi des femmes. Il parie sur l’usure du mouvement, noie les débats sous des impératifs techniques, divise pour régner et espère un retournement de l’opinion. Quel que soit le résultat de ses calculs, ils conduisent à une guerre sociale.

Rien sur ce que devrait être un travail juste et gratifiant, face aux révolutions des moyens de production et de communication du XXIe siècle, rien sur ce que signifie la valeur du troisième âge, où les expériences engrangées pendant la vie nourrissent l’intuition créatrice nécessaire pour penser le futur.

Nous appelons la France, face au risque de guerre dans le monde, à exiger une réunion des principaux chefs d’Etat pour sauver la paix. Il ne s’agit pas seulement de dire non à la guerre, mais d’établir les conditions de la paix par le développement mutuel et la détente, l’entente et la coopération entre les peuples. Nous ne serons écoutés que si notre politique sociale nous rend crédibles et si nous pensons et agissons pour servir le futur. C’est toute l’ampleur du défi.

Cessons donc de nous comporter en comptables au service de managers et pensons à une année 2020 qui sera une année Beethoven, une année De Gaulle et une année de missions vers Mars. Pensons haut et loin, vers le futur, vers les conditions positives de la paix dans le monde. Cela exige de rendre d’abord justice au travail humain.


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L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.