La France avec les yeux du futur

Notre-Dame et la civilisation européenne

mercredi 24 avril 2019

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Le brasier de Notre-Dame a suscité un retour des forces de l’esprit. Celles associées non pas à des dérives irrationnelles, mais aux émotions les plus profondes inspirées par le risque d’anéantissement d’une œuvre de beauté et de raison. Car chaque face, chaque pierre est une page non seulement de l’histoire de notre pays mais encore de l’histoire de la science et de l’art.

Le défi est bien sûr de la reconstruire. Non en se fixant un délai ou une prétention de mieux faire, mais en mobilisant toutes nos forces autour de la reconstruction. Aucune ne sera de trop pour un projet qui doit être politique par-delà les contradictions politiciennes. Nous devons aux forces de l’esprit une expression matérielle, comme la révolution industrielle née au XIe siècle fut associée à l’essor de nos cathédrales.

« Ce qui nous dépasse doit déterminer ce que nous ferons. »

Ce qui nous dépasse doit déterminer ce que nous ferons. Chez nous, comme en Europe et dans le monde, combattre le monde de l’argent pour servir celui de la création. Il ne s’agit pas de racines ou de dissolution mondialiste, il s’agit de faire couler nos sources républicaines et chrétiennes. Il s’agit de rétablir notre souveraineté, individuelle et nationale, dans l’intérêt de l’Humanité.

Concrètement, concevoir l’œuvre à venir comme une innovation dans un esprit de continuité. Pour commencer, mobiliser les métiers d’art en s’appuyant sur le syndicat des Ateliers d’art de France. Cette mobilisation doit être exemplaire pour tout le reste de notre projet politique national, autour d’un outil permettant d’identifier toutes les activités concernées.

Ensuite, faire de ce projet l’inspirateur d’une civilisation européenne aujourd’hui abandonnée et qui doit se ressaisir, au risque de disparaître. Seuls les apports du meilleur de chaque Etat-nation qui la compose pourront la recomposer, et non la bureaucratie d’une Union européenne et d’un euro conçus depuis plus de 50 ans comme les instruments d’une libéralisation financière, réduisant les humains à des pions d’algorithmes financiers et culturels.

C’est la cathédrale européenne qu’évoquait Charles de Gaulle qui est à refaire, la reconstruction de Notre-Dame devant donner l’exemple. Une Europe au sein de laquelle chaque territoire devra bénéficier de l’élan de l’ensemble, une France où un aménagement du territoire, lui aussi à reconstruire, alimentera partout l’expression des capacités créatrices de notre peuple, surtout là où elles sont aujourd’hui bafouées.

Refonder patiemment, avec des projets, une solidarité entre Etats-nations ayant rompu avec l’abdication nationale, n’est-ce pas un élan de même nature que celui qui mobilise les souverainetés individuelles nécessaires à la construction ou à la reconstruction d’une cathédrale ?

Cathédrales de notre pays, églises et monuments nationaux, portés par leur sœur Notre-Dame, n’est-ce pas un territoire spirituel qui doit inspirer la renaissance de notre capacité matérielle ? A l’échelle de l’Europe, des projets comme JEDI, l’Agence spatiale européenne et Erasmus doivent recevoir bien plus de moyens, ainsi qu’une Politique agricole commune retrouvée et renouvelée. C’est cartes sur table d’un grand jeu d’économie physique et humaine, dans le monde réel, que nous serons crédibles.

Au lieu de se complaire dans le catastrophisme et de blâmer autrui en exprimant ses troubles – au « suicidez-vous » lancé par des provocateurs ultra-jaunes, répondant le « nous nous suicidons » de la croisade des enfants écologiques, eux-mêmes manipulés – ne devons-nous pas répondre en faisant en sorte que le bien, le beau et le vrai coulent à nouveau de source ?

« Les poètes sont les miroirs des ombres gigantesques que l’avenir projette sur le présent », nous dit Percy Shelley dans sa Défense de la Poésie. Les hommes politiques doivent redevenir poètes en inspirant la construction de cathédrales ouvertes à tous.


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L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.