La France avec les yeux du futur
Discours

Notre projet pour la France

lundi 3 octobre 2022

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Le 17 septembre, Solidarité & Progrès a tenu à Paris notre conférence nationale et internationale « pour un nouveau Bretton Woods contre la guerre et la vie chère », rassemblant une centaine de participant(e)s venus de toute la France. C’est par ce discours que Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès a introduit cet important événement.

Paris, 17 septembre 2022 - Aujourd’hui, nous sommes heureux, revigorés par cette Marseillaise polyphonique et par son refrain terrible. Nous sommes heureux d’être ensemble, de nous mobiliser pour ce nouveau Bretton Woods contre la guerre et la vie chère et contre les mafias qui dominent le monde. Car notre monde occidental est dominé par des mafias et il faut le dire clairement.

Heureux car le bonheur est un défi ; heureux parce qu’à la situation tragique dans laquelle nous sommes comme étaient heureux ceux qui s’engageaient pour la France libre et la Résistance.

Heureux aujourd’hui de vouloir ensemble faire mieux alors que nos responsables s‘excitent et se soumettent, dans un monde qui devient un véritable abattoir. Eux nous promettent la guerre et la fin d’une abondance que la majorité d’entre nous n’avons absolument jamais connue.

C’est ce bonheur qui nous donne l’enthousiasme, apportant en nous-mêmes ce que nous avons de meilleur de nous, vérité et justice, refusant le confort d’un pessimisme de vache regardant passer les trains de la mort.

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La Une du Marianne du 8 septembre

Heureux, et pourtant voilà ce que nous dit la presse. Je vais vous montrer ce que dit Marianne.

Oui, le danger de guerre est imminent. Les dirigeants ukrainiens, que l’Otan utilise pour mener une guerre par procuration et qui traitent leur peuple comme de la chair à canon, viennent de déclarer que la Russie prépare contre eux une frappe nucléaire.

Et ils exigent, ils demandent non seulement l’adhésion à l’OTAN mais, je cite, « de prévenir la frappe russe en ayant recours à l’arsenal complet des moyens occidentaux ».

Déjà les Etats-Unis, et nous aussi, fournissons à l’Ukraine, depuis 2014, la formation de ses combattants, les armes de longue portée, les HIMARS américains et nos canons Caesar qui
peuvent frapper des cibles à des dizaines de km – 60 à 80, et plus pour les HIMARS.

Mais surtout, on est face à la menace que des canons ATACMS américains de plus longue portée (300 km) soient fournis à l’Ukraine, pouvant toucher jusqu’au territoire russe.

Les offensives des Ukrainiens sont dues au rôle des systèmes de renseignement que les pays des « Five eyes », et en particulier les Etats-Unis et le Royaume-Uni, partagent avec les Ukrainiens

C’est la cyberguerre qui a donné aux Ukrainiens la possibilité de résister en faisant tuer une partie de leur propre peuple.

Est-ce une surprise, cette guerre ? Non, car notre propre état-major en France ne prépare plus de guerres asymétriques comme au Mali, mais des conflits de haute intensité. Une guerre en Europe, qui ne peut être que contre la Russie et avec l’OTAN.

C’est donc, en Ukraine, une guerre sous commandement de l’OTAN qui se déroule, une OTAN toujours en état de mort cérébrale, mais avec, depuis la conférence de Madrid fin juin, un corps de géant aux pieds d’argile, mais avec des dents nucléaires – un tigre blessé qui peut devenir mangeur d’hommes.

Donc, nous sommes, depuis notre soumission à l’occupation financière de l’oligarchie anglo-américaine et maintenant à la politique de sanctions contre la Russie, nous sommes, Français et Européens, les dindons d’une farce qui peut devenir sanglante.

La bonne nouvelle est que chez nous la colère revient, une colère dont j’avais parlé une première fois en 2009, dans un tract du 15 octobre que nous avions alors distribué à un million d’exemplaires.

Il n’y aura pas de sobriété énergétique sans « grosse contrainte ». Même Le Point, qui célèbre la Reine d’Angleterre à pleines pages, est obligé de le reconnaître dans ses éditoriaux.

C’est avoué, c’est reconnu. Même dans le cas où la guerre ne viendrait pas jusqu’à nous, il y a la conjonction de la folle politique monétariste (une émission de monnaie sans hausse de la production correspondante, donc qui engendre l’inflation), de la transition écologique, dont le coût serait énorme à l’échelle mondiale, si jamais elle avait lieu ( je ne pense pas qu’elle puisse avoir lieu mais ce serait 5000 milliards de dollars par an), et les sanctions contre la Russie qui désorganisent les chaînes mondiales de production et de valeur.

Elle aboutit et je cite encore Le Point, « à une baisse drastique de notre niveau et qualité de vie exigeant des sacrés coups de bâton ». Des sacrés coups de bâton ! Je cite parce que c’est l’annonce de quelque chose d’encore pire, si c’est concevable, que ce qui a frappé les Gilets jaunes.

Nos soi-disant élites, cette oligarchie des portes tournantes publiques et privées, est dans un déni absolu de réalité. Les finances et le jeu pillent l’effort, le travail et la production de vraie richesse. L’argent ruisselle toujours vers le haut, là où sont les véritables bénéficiaires de ce système : les assistés milliardaires de la nef des fous de Wall Street et de la City. Ils sont persuadés de la supériorité occidentale dans tous les domaines, alors que la majorité du monde bascule vers l’Est, vers l’Asie et vers le Grand Sud, le Global South, comme ils disent pour être péjoratifs.

Ils sont persuadés que leur système financier mafieux, appuyé par un Pentagone américain pris en otage, est éternel. Ils sont comme des enfants-rois qui se racontent des histoires. Et ils y croient, ils y croient, mais sans vision longue, sans connaissances, mais avec des dents, je le répète, nucléaires.

C’est contre eux que nous devons d’abord nous mobiliser. Sans nous laisser détourner de cette mission, de cette stratégie nécessaire.

Il faut bien mesurer, pour nous mobiliser, les moyens dont dispose cet ennemi ; les armes de la manipulation mentale, par la séduction, puis la frustration, puis la division, l’addiction aux images. Ce sont leurs armes. Ensuite, le chantage à la peur que vous vivez tous les jours.

Et diviser pour régner. Aujourd’hui, c’est voler Pierre pour soulager Paul, sur le dos de toute notre classe moyenne.

Cette fausse élite essaie par tous les moyens de distraire la colère de sa cause principale, monétaire, idéologique, mafieuse. Sous leur influence directe ou indirecte, se répand l’irrationnel dans les réseaux sociaux. On voit au Brésil les Bolsonaro, les Meloni en Italie et chez nous, des débats à côté du sujet principal, en jouant sur les démagogies des extrêmes : contre ou pour l’Islam ? contre ou pour les vaccins ? contre ou pour la police ? contre ou pour les migrants ? Comme à Rome, la Rome de la décadence.

Je dis à ceux qui se laissent égarer, écoutez ce qu’a dit l’oligarchie elle-même, ce qu’a dit Jérôme Powell à la réunion de principaux financiers du monde qui vient de se tenir à Jackson Hole.

Je lis ce que dit Jerome Powell, parce que c’est le langage des banquiers, mais il dit ce qu’il veut dire :

« Le rétablissement de la stabilité des prix prendra un certain temps, et nécessitera l’utilisation énergique de nos outils pour mieux équilibrer l’offre et la demande. La réduction de l’inflation nécessitera probablement une période prolongée de croissance inférieure à la tendance. De plus, il est fort probable que les conditions du marché du travail s’assouplissent quelque peu. Si la hausse des taux d’intérêts, le ralentissement de la croissance et l’assouplissement des conditions du marché du travail feront baisser l’inflation, ils seront également douloureux pour les ménages et les entreprises. Ce sont les coûts malheureux de la réduction de l’inflation, mais si on ne parvient pas à rétablir la stabilité des prix, la douleur sera bien plus grande. »

Je vais traduire cela en bon français, cela s’appelle aujourd’hui dans le langage technocratique « refroidir la demande ». Là se trouve, par soumission et lâcheté successive, la source de ce qui arrive dans votre vie quotidienne : les hausses des prix de l’essence, de la nourriture, des logements, de l’huile de tournesol, jusqu’au papier hygiénique en passant par la moutarde, et par la fermeture forcée des piscines et bientôt des usines.

C’est cette cause première qu’il nous faut combattre, en changeant de système et de paradigme, c’est-à-dire, changer de manière de voir, de penser et d’agir. D’où, en tête de cette journée, le Nouveau Bretton Woods contre la guerre et la vie chère. Il ne s’agit pas d’un truc technique, mais d’une arme contre nos ennemis. Aujourd’hui en Russie, Sergueï Glaziev, responsable des affaires dans ce monde eurasien qui s’unit à l’Organisation de la coopération de Shanghai, met patiemment en œuvre un système financier et monétaire qui remplace l’ordre du dollar et de l’euro. C’est pour nous un espoir, mais pas s‘il divise le monde en blocs. C’est pour nous un espoir si, par delà cette opposition, le monde Est et Ouest peut parvenir à une entente.

C’est ce que Mme Helga Zepp-LaRouche, et Nicolas de Cues, le grand penseur du début de la Renaissance, appellent la coïncidence des opposés.

Ce qui est opposition et contradiction, conflit et guerre au niveau inférieur, au niveau supérieur devient possibilité de coopération, au nom de ce que De Gaulle lui-même entendait par « détente, entente et coopération ».

Au nom de l’espèce humaine, pour éviter qu’elle s’anéantisse elle-même, nous disait-il à Mexico. Si vous lisez ma déclaration « Sortir du commandement intégré de l’OTAN, une ardente obligation », vous verrez qu’elle commence par cette citation de Charles de Gaulle, qui est beaucoup plus complète et axaltante.

Le danger d’un nouvel ordre économique mondial n’est pas un danger, contrairement à ce qui est décrit dans tous nos médias. C’est l’embryon gagnant-gagnant qui se dessine aujourd’hui, c’était hier à Samarcande, le 15 et le 16 septembre au sommet de l’Organisation de la coopération de Shanghai, où se trouvaient Modi pour l’Inde, XI Jinping pour la Chine et Poutine pour la Russie. Après la visite de XI Jinping au Kazakhstan, où, en 2013, il avait lancé les Nouvelles Routes de la soie. Une très grande chance pour le monde à condition que nous nous ressaisissions, ici et maintenant.

Je suis convaincu, et je vous le dis avec la conviction que me donne une vie de combat, que nous donne, à nous tous qui allons vous parler ici, l’autorité d’une vie de combat pour le bien commun. Je vous dis que la France a un rôle de médiateur, de catalyseur et d’inspirateur à jouer, pour que nous nous ressaisissions, en tant que membres de ce monde atlantique, contre ceux qui l’oppriment aujourd’hui.

A condition que vous, ici, dans cette salle, participiez à ce ressaisissement. C’est la France et le Nouveau Bretton Woods, assurant la stabilité, la sécurité par le développement économique de tous les pays du monde. En vous battant pour cela, vous avez vous-même un rôle bien plus important que vous ne le pensez.

Laissez-moi d’abord montrer, à ceux qui peut-être doutent encore, des images qui nous démontrent comment on est arrivé là.

Voilà les bilans des banques centrales. Vous voyez la hausse énorme en 2019-2020, et encore plus en 2022. Ici vous voyez 20 000 milliards et avec les produits dérivés, c’est-à-dire les paris engagés à partir de cela, c’est 100 fois plus, 2 millions de milliards. Ayez une image de tout cet argent auquel ne correspond plus une production réelle des biens.

La suivante. Voilà à quoi correspond en partie cette hausse : ce sont les dépenses militaires et vous voyez la hausse de ces dépenses, comparée à celle des dettes des banques centrales, il y a un rapport direct entre les deux.

Ensuite, voilà les principales dépenses militaires par pays, les Etats-Unis viennent avant tous les autres, et à eux seuls ils ont autant que les 11 pays qui les suivent. Nous ne parlons pas là des Etats- Unis historiques, mais de ceux qui ont pris aujourd’hui le contrôle des Etats-Unis, cette oligarchie financière qui a imprégné le pays, avec une vision et une idéologie britanniques, dans la grande tradition de diviser pour régner, colonialiste et impérialiste.

La suivante. Vous voyez le pouvoir d’achat qui baisse et la création de monnaie qui monte. Preuve parfaite de ce qui se passe. Où va la monnaie ? aux armes et à l’oligarchie !

La suivante. Vous voyez la part des salaires dans la valeur ajoutée, elle baisse.

La suivante. C’est, en France, la chute du salaire des enseignants, des salaires de début de carrière par rapport au SMIC : 2,2 en 1980, aujourd’hui c’est environ 1,2.

La suivante. Voici la triple courbe de Lyndon LaRouche qui montre comment le monétaire a poussé, poussé le financier, et comment la production physique réelle des biens nécessaires à l’humanité, elle, baisse, dans un système qui fonctionne comme un tout. Les profils de courbes sont accentués pour montrer les tendances.

Aujourd’hui, on a les différentes phases : c’est comme un tremblement de terre, comme des répliques. Vous en voyez une qui monte puis redescend, mais il y en a plusieurs, qui montrent la vulnérabilité de ce système et la proximité de sa chute. Et c’est ainsi que ce système va à la guerre, ainsi que le disait Jaurès, comme la nuée porte l’orage.

Des Gilets jaunes constituants ont bien situé, au cours de leur mobilisation, l’ennemi. Voilà ce qu’ils écrivaient à l’époque. A la question de qui est notre ennemi, « nous répondons que notre ennemi premier est l’ensemble des organisations financières et spéculatives, avec leurs ramifications dans les médias, ainsi que les ONG, les Think-Tanks, les groupes de pression et autres lobbies d’influence. »

C’est ce que nous disons nous-mêmes, et ce que disent aussi nos amis de Vendée et tous ceux qui sont dans nos Cercles citoyens.

Mais il y a plus et il faut le dire. Ces gens qui contrôlent le monde, ce sont des mafias financières. Elles ont opéré par personnes interposées pour rejeter mon compte de campagne présidentiel en 1995. Nous en avons toutes les preuves aujourd’hui, puisque les délibérations du Conseil Constitutionnel de l’époque ont été publiées.

Mais bien plus et à un niveau bien plus grave, ces mafias financières s’imposent par le crime, par la drogue, et pratiquent le viol des consciences et le viol des personnes. Et elles tuent leurs propres domestiques, leurs propres serviteurs. Bernard Madoff, en prison, où il a continué à spéculer sur les barres de chocolat qu’il avait achetées pour les revendre plus cher aux autres prisonniers : la farce après le drame. Et Epstein, qui s’est pendu en prison après avoir trimballé dans son Lolita express la plupart des personnalités de ce monde occidental au-dessus de tout soupçon.

Ces évolutions sont mondiales. D’où le besoin d’un Nouveau Bretton Woods, pour rétablir la création de richesses. Pour que l’économie productive réelle soit rétablie contre les spéculations.

Priorité doit être donnée à nouveau à l’agriculture, à l’industrie, à l’équipement de l’homme et de la nature. Ne plus soutenir les spéculateurs. Pour cela il faut couper les banques en deux. C’est le système que nous avions à la Libération, c’est ce que Franklin Delano Roosevelt avait fait auparavant aux Etats-Unis sous le nom de Glass Steagall Act. Cela veut dire ne plus soutenir ceux qui spéculent sur les marchés financiers et séparer la part des banques gérant le crédit et nos dépôts.

Il faut sortir d’une économie de marché ? Mais c’est aujourd’hui une économie de marché sans marché ! Ce sont les algorithmes qui dominent tout, c’est une dictature financière. Il faut dire les choses comme elles sont, et coopérer avec tous les pays du monde, comme le dit Sergueï Glazyev, et comme l’avait dit avant lui Lyndon LaRouche, dont Sergueï Glazyev reconnaît qu’il l’a inspiré sur cette question.

Tous ces pays qui veulent aujourd’hui un ordre de développement et de croissance représentent au moins 60 % de la population mondiale. L’hommage de Sergueï Glazyev à LaRouche est très important. Il souligne que les pays qui ont suivi les idées de LaRouche ont réussi, et je dirais que si vous ne vous mobilisez pas vous-mêmes, vous n’avez aucune excuse. Car même si beaucoup d’entre vous ne le savez pas, nous sommes les héritiers de cela, de l’œuvre et du combat de Lyndon LaRouche, les héritiers aussi, en France, du Conseil national de la Résistance, de la logique du Plan, de notre planification indicative et des circuits du Trésor, qui permettaient à un chef de d’orchestre – non, il ne s’agit pas pour lui de jouer de tous les instruments – de donner le la à l’ensemble orchestral… A Moscou, un grand savant russe, Pobisk Kuznetsov, avait désigné l’économie de LaRouche comme donnant le la, avec son critère du potentiel de densité démographique relative qui mesure la croissance réelle d’une économie. La capacité, grâce aux technologies existantes, grâce à la découverte de principes physiques nouveaux permettant d’avoir ces technologies, crée une économie qui sert le bien commun et les générations à naître, les générations futures.

Il faut pour cela des banques de dépôt faisant du crédit pour ce qui est nécessaire, mais elles n’ont pas assez des moyens. C’est pourquoi elles doivent être organisées, dirigées par un chef d’orchestre. Il faut une banque nationale, associée à un conseil national du crédit qui organise la direction du crédit vers ce dont je vous ai parlé.

Eh bien, diront certains, ici en France, n’était-ce pas ce que nous avions en 1981 ? Oui, nous l’avions, formellement. Je pourrais vous citer (mais je ne le ferai pas aujourd’hui) un très bon discours de Pierre Mauroy sur le crédit public, la banque nationale et la nationalisation des banques. Mais alors, que s’est-il passé ?

Qui a-t-on mis à la tête de ces banques publiques, de la Banque nationale et au ministère des Finances ? Les cousins germains, les amis de ceux qui dirigeaient les mêmes institutions dans le privé. L’oligarchie des portes tournantes. Ce fut la grande trahison du Socialisme. La trahison absolue, intrinsèque. Et ils l’ont payée, ils le paient et c’est juste.

Alors, qu’est-ce qui manquait ? C’était la participation populaire, que le Général De Gaulle, beaucoup plus que ses conseillers, entrevoyait et défendait.

C’est cette participation du peuple que quelqu’un comme Rosa Luxembourg voyait aussi, en 1913, dans son Accumulation du capital.

C’est une idée neuve aujourd’hui, mais pas dans l’histoire. C’est une idée neuve dans l’entreprise, dans la finance, dans toutes les institutions qui s’occupent de l’économie, depuis la banque nationale jusqu’au nucléaire. Le nucléaire des nucléocrates qui a accumulé les erreurs, le laisser-aller et l’idiotie.

Il faut donc cette participation du peuple. Mais alors, dirait-on… le peuple peut se tromper ? Vous savez, les pessimistes ont toujours des arguments. C’est vrai, le peuple peut se tromper. C’est pourquoi nous avons une politique d’ensemble : le Nouveau Bretton Woods et les mesures nécessaires à notre développement pour une politique régionale, locale, nationale et internationale. Avec un lien indissoluble à la politique internationale, que représentent Diane Sare et Dennis Speed, aujourd’hui présents parmi nous….

Cherchez ce lien dans le RN ou la Nupes. Ils protestent mais ne font pas réellement ce lien. Ils s’égarent, ils considèrent comme des ennemis certains qui n’en sont pas. Ce ne sont plus les patrons qui sont les ennemis directs, ce sont les gestionnaires de fonds et tout ce capital financier que Marx lui-même dénonçait dans le dernier livre du Capital, « crédit et capital fictif ».

Ils se fixent sur ces ennemis secondaires, ou pire, se tirent une balle dans le pied ou dans la tête, en dénonçant des gens qui sont certes des assistés, mais des assistés tenus par les dames patronnesses du système, pour les soudoyer et les empêcher de se révolter. Les vrais assistés, et c’est un point d’accord entre François Ruffin et moi, sont en haut, ce sont ceux vers lesquels l’argent ruisselle, contre la gravité terrestre elle-même, parce qu’il ruisselle vers le haut.

Ce n’est qu’en faisant sauter les verrous de l’argent que nous pourrons, en portant notre programme tout au long de chaque vie humaine, la rendre digne d’être vécue. C’est ce que j’ai défendu dans mon projet pour l’élection présidentielle de 2017, La France avec les yeux du futur, dont certaines idées demeurent (pratiquement toutes), et que les autres n’ont pas reprises. Il y en a aussi à puiser dans le livre de Lyndon LaRouche, La Terre dans les 50 prochaines années, paru bien avant et à une échelle plus globale.

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Des crèches en nombre suffisant, c’est possible. Et aussi un système de pédiatrie qui marche. C’est un calvaire de trouver une crèche aujourd’hui. Il faut soutenir les ATSEM, les 50 000 agents territoriaux spécialisés dans les écoles maternelles. Nous les soutenons pleinement. Les enseignants dans les écoles et les lycées, mais surtout, avec la réforme des collèges, dans les collèges. Il en faut plus, mieux rémunérés, avec des salaires dignes. La mixité sociale et culturelle, la mémoire de la République, la mémoire de l’histoire, et surtout une méthode de la découverte. C’est à demi-volontairement, suivant les instructions comportementalistes d’institutions comme l’UNESCO et l’OCDE, qu’on engendre des individus détournés de la vérité et de la connaissance.

Qu’y a-t-il de commun entre les commissariats de police, et les écoles et collèges ? Partout ça sent la pisse ! On ne respecte pas ce qu’on prétend respecter, les enseignants et les policiers, et surtout les enfants. 80 % des élèves de 6 à 11 ans ont peur d’aller aux toilettes ou n’y vont pas, et 55 % évitent de boire pendant les heures scolaires pour avoir moins envie d’y aller.

Voilà un détail concret, et particulièrement parlant, de ce qui se passe. Parce que certains disent, vous parlez de Nouveau Bretton Woods, mais c’est totalement abstrait ! Au contraire, c’est très concret et ça a une odeur !

Certains, dans cette salle, ont des enfants dont les camarades n’ont parfois pas plus de 15 à 20 minutes de concentration mentale, voire moins, qui sont agités, parce qu’on leur a mis dans l’esprit une sous-culture de la perception immédiate qui les empêche de se concentrer.

Continuer à soutenir l’Alternance ? Oui, le gouvernement veut créer un million d’emplois en alternance. C’est bien, mais on n’a pas les fonds, et puis, ce n’est pas une alternance liée aux grandes écoles. En Suisse, au contraire, 40 % de ceux qui intègrent l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne ou de Zurich proviennent d’un parcours d’alternance. En France, trouvez-moi des gens qui ont fait de l’alternance à Polytechnique, et je serais content que vous m’en donniez les noms. On n’en trouve pas…

Rétablir le nombre de médecins et d’infirmiers scolaires. Aujourd’hui, il y a en France 839 médecins pour 12 millions d’élèves, dont seulement 700 exercent.

Revenir, pour la sécurité sociale, à l’esprit d’Ambroise Croizat et de Pierre Larroque. Une sécurité sociale digne de ce nom.

Aider, dans les familles, ceux qui ont la charge d’un proche. 11 millions des Français ont la charge d’un proche qui a besoin d’une aide sociale pour continuer à vivre. Il existe des maisons de répit pour cela, mais il n’y en a pas assez. Il faut les multiplier et écouter les gens qui en ont besoin.

Il faut, dirais-je brutalement, arrêter de coter la mort en bourse. C’est le scandale des Ehpad,

Augmenter le nombre de médecins du travail, d’inspecteurs du travail. Tous en nombre tout à fait insuffisant et très âgés. Comme les médecins scolaires.

Rétablir une vraie police de proximité, qui soit elle-aussi rémunérée dignement, comme les enseignants.

Une politique d’ensemble, pour tout ce qui se passe dans toute une vie, avec l’agriculture et l’industrie avant la Bourse, et le travail avant l’argent et les médias sous influence. Une culture de la vie, une culture de la découverte, c’est ce que les Français attendent.

Oui, dans le contexte actuel, l’immigration, l’islamisme et l’insécurité posent problème et il faut le reconnaître, mais la seule solution est dans l’application, la stricte application de la loi pour tous, au délit comme au crime. Et si possible, ne pas avoir à l’appliquer. Comment ? En créant un travail humain digne de ce nom, qu’on puisse aimer, qu’on soit content de faire. Ça veut dire utiliser les ressources de l’intelligence artificielle, du numérique, non pas pour manipuler les gens comme le font les GAFAMs, servant l’oligarchie financière, mais pour faire toutes les tâches stupides, répétitives, et pour offrir aux êtres humains les tâches créatrices, qui peuvent aller du salon de coiffure jusqu’à l’astronaute dans l’espace. Dénominateur commun, la création, soit avec les mains, soit avec l’esprit, et pour un astronaute, avec les mains et l’esprit ensemble. Penser de cette façon.

Ah ! diront certains : vous aussi, vous faites le père Noël, vous faites briller les choses, et c’est trop beau pour être vrai. Non ! Parce que ce sont des choses qu’on acquiert par le combat, par l’épreuve, ce sont des combats à mener. Une action non violente qui soit une révolution dans la manière de penser, de faire, de voir ; une révolution qui ne soit pas de paroles ou d’étiquettes, mais une révolution dans les actes, ou l’on prend soin de ceux qui ont le plus besoin de notre aide : les très jeunes, les très vieux, les handicapés. Une société se mesure par ce qu’elle fait pour ceux-là.

Pouvons-nous y arriver ? C’est la grande question et je vais conclure avec cela. On n’a pas le choix. D’abord, face à ce qui se déroule dans le monde, ce combat doit être mené. Ensuite, nous avons des atouts en France qu’on ne peut pas laisser passer. Nous devons être inspirateurs, éclaireurs pour faire voir plus loin, avec les yeux du futur. Éducateurs, traçant les chemins, inspirant pour y aller.

Refondateurs, par un projet qui soit une feuille de route permettant cette orientation.

Une politique allant aux causes, dans la situation tragique dans laquelle nous sommes, dans laquelle nous avons été mis. Le peuple attend des solutions, et nous devons les trouver ensemble, avec ceux pour qui elles sont nécessaires. Nous devons avancer ensemble, à partir du travail que nous avons fait nous-mêmes dans le passé, avec beaucoup de gens qui sont dans cette salle, pour y parvenir, pour le partager.

Nous sommes plus près de réussir, pourvu que nous agissions de cette façon, que beaucoup d’entre vous ne le pensent. Les chiffres sont parlants. C’est une statistique de la Fondation des sciences politiques, qui ne peut pas être soupçonnée de sympathie vis-à-vis de ce qu’ils appellent eux-mêmes les partis protestataires.

Voilà ce que disent leurs chiffres : en France, ils rapportent un recul puis un effondrement des partis du mauvais gouvernement : c’est-à-dire LR et le PS. Effondrement. La protestation électorale est la plus importante jamais vue en France. Si l’on considère les votes en faveur d’un parti protestataire, l’abstention et le vote blanc, si on fait la somme, dans les élections législatives il concerne plus des trois quarts des électeurs : 76,9 % au premier tour et 77,3 % au second.

Je vais montrer ici l’évolution de l’abstention en France.

C’est absolument frappant, depuis 1958 jusqu’en 2022. Au premier tour des présidentielles, le total d’abstention et du vote protestataire atteint plus de deux tiers, et je ne compte pas ceux qui ont voté Macron « malgré eux ».

Il y a bel et bien, par delà la tripartition apparente RN, Nupes, Macron, un vote populaire pour lequel les électeurs votent sous différentes formes. Seuls 55 % des électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle ont voté pour elle ou pour ses candidats au premier tour des législatives. Ça montre bien, au sein de cette « extrême-droite » entre guillemets, à quel point c’est instable !

Près de la moitié des électeurs (47 %) voient comme une bonne chose qu’aux législatives, 89 députés RN aient été élus, et 34 % de ceux qui ont voté pour la Nupes le pensent aussi. Les idées reçues se trouvent bousculées par rapport à cette nécessité d’avoir un bloc populaire.

Au second tour des législatives, plutôt que de voter Macron, entre 25 et 40 % des électeurs qui avaient voté RN ou Nupes au premier tour, sont passés de l’autre côté, RN à Nupes et inversement, au second tour. Même au NPA et à Lutte ouvrière, près de la moitié pense que le RN n’est pas, dans l’esprit de ses électeurs, un parti d’extrême droite.

On est donc dans quelque chose qui ne correspond pas du tout aux simagrées parisiennes. On est dans en France qui attend quelque chose que vous pouvez lui apporter.

C’est très intéressant de voir ce qui se passe par rapport aux Gilets jaunes dans ce contexte.

Au départ, les GJ ont entraîné deux tiers des Français, puis vers septembre 2019 ça a baissé, jusqu’en septembre 2021. Et depuis ça remonte, parce qu’il y a une prise de conscience d’une justice, et on commence à comprendre ce qui déclenché, pour les Gilets Jaunes, un rejet de l’opinion, avec les destructions à l’Arc de Triomphe. M. Castaner les a laissé faire, et je suis aimable, car il les a sans doute organisées, pour discréditer. C’est leur façon d’opérer.

Il y a ce mouvement protestataire, mais pour des raisons négatives. Tous cherchent le plus gros gourdin pour taper sur Macron. Nous avons donc devant nous la base populaire pour mener notre politique et notre plus grand défi est de transformer la protestation en positif. Nous avons besoin de susciter un réengagement civique. Que les Français et les Françaises y croient. Nous devons transformer la protestation en projet, en programme, en plateforme. Vaste programme….

Oui, mais ne pas se battre pour qu’il advienne, ou échouer, ce n’est pas permis, au nom du bien commun, des générations futures et du risque de guerre dans lequel nous sommes. La guerre jusqu’au seuil nucléaire. Quand on commence à parler d’armes nucléaires tactiques, c’est qu’on est au seuil et vous savez tous ce que les théoriciens, qu’ils soient à Moscou, à New York ou à Paris, disaient à l’époque : que si on commence à franchir ce seuil, on ne s’arrêtera plus.

On y est. C’est pire qu’au moment de la crise des fusées de Cuba, car cela coïncide avec le chaos économique jusqu’à la destruction des chaînes de production et de valeur.

Alors, ils courent tous avec des sparadraps pour éviter que les peuples se révoltent. Ursula von der Layen est en train de devenir littéralement folle, politiquement cinglée : « Poutine doit payer ! Envoyez-lui la facture, Poutine doit être jugé, faites-le comparaître en justice... » Des tirades irresponsables, surtout pour quelqu’un de non élu et elle-même impliquée dans des affaires troubles.

Elle confond la bourgade allemande dans laquelle sa petite famille de nobliaux exerçait la loi et le monde d’aujourd’hui. Voilà ce que nous avons laissé faire, ce que Macron a promu à la tête de la Commission européenne.

Il ne faut pas perdre notre âme. Nous avons, en France et dans le monde, une chance. Cette chance nous est donnée, car c’est dans les époques de tumulte, de trouble, de difficulté, d’épreuve de danger, qu’un monde meilleur devient possible. Ce monde meilleur est non seulement possible, il est indispensable, il est nécessaire ! A condition que nous changions de manière de voir, de penser et d’agir. De sortir d’un pessimisme confortable, car il y a un confort du pessimisme. Le pessimisme, c’est refuser de penser l’avenir. C’est tirer les conséquences tragiques de la situation sans penser qu’on puisse en sortir.

C’est du pessimisme que nous devons sortir, et trouver le bonheur, le vrai bonheur dont je vous ai parlé au départ : le bonheur du salut commun. C’est curieux que ce terme de salut commun ait été utilisé par l’Internationale et par De Gaulle. Mais c’est bien ce salut commun dont les plus éclairés des papes, Jean XXIII et dans une certaine mesure Paul VI, ont aussi parlé. « Le nouveau nom de la paix est le développement », disait Paul VI dans Populorum progressio, et j’ajouterai, le développement mutuel. Je suis convaincu que c’est possible, c’est possible parce que c’est nécessaire. Pourvu que nous soyons nous-mêmes engagés, en nous-mêmes et par rapport au monde, dans ce changement. Engagés avec une qualité qu’a le Rover qui roule sur Mars : la persévérance, que nous soyons nous-mêmes persévérants.

Ce n’est pas, comme on le pense souvent, si on ne va pas plus loin, un devoir pénible. Mais c’est retrouver une joie, retrouver le bonheur de se battre encore une fois pour les générations futures et le développement humain, d’être pleinement humain, et pas un avatar dans un jeu virtuel dans lequel ils veulent nous convertir. De communiquer à l’autre ce que nous avons de meilleur en nous-mêmes. De le susciter en soi pour l’éveiller en l’autre. Comme on le fait avec un enfant. Vous savez, lorsqu’un enfant découvre le monde, on suscite sa créativité. Lorsqu’il jette une chose par terre, vous ne lui donnez pas une gifle, vous lui expliquez que cela ne se fait pas et qu’il y a mieux à faire. C’est un peu comme aujourd’hui vis-à-vis des populations occidentales.

Deux choses pour finir, la France, nous-mêmes, devons jouer de nos atouts, nous devons les jouer pour mener ce combat essentiel, en pensant, encore une fois : « Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat ». Il faut le dire aux élus du RN et de la Nupes, « Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat », à leurs lecteurs et surtout au peuple. C’est ce que nous devons dire, c’est ce que nous allons dire, c’est ce que nous allons faire.

En construisant nos politiques avec celles et ceux à qui elles sont destinées. C’est une construction permanente. Il y a une tradition dans les grands spiritualismes ou religions du monde, qui est la création continue. La création est une chose qui ne s’arrête pas : l’être humain agit et crée en accord avec l’ordre de la création de l’univers, et par sa participation. C’est ce qui est sous-jacent à l’exigence du RIC, et nous le soutenons aussi dans ce contexte. Un RIC qui soit porté par l’éducation des capacités créatrices et les responsabilités de chacun.

Nous entrons dans la tempête, et cette tempête va être terrible dans les prochains mois. Ce n’est pas pour jouer les Cassandre, c’est la réalité. Dans cette terrible tempête, nous devons donner à un nombre croissant de nos concitoyens et au monde, les idées et la volonté politique qui leur permettent de croire que puissent revenir les jours heureux.


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