Je viens de parcourir notre pays. Une conviction, qui grandissait en moi depuis longtemps, s’est vue constamment renforcée par tous ceux que j’ai rencontrés, au sein du peuple et parmi ses élus. Les Français aspirent à retrouver un grand dessein, une cause à défendre, un idéal collectif à réinventer. Il s’agit de réveiller dans notre mémoire une volonté pour nous projeter dans le futur. Pour le bien commun et non pour servir un nombrilisme impuissant.
Les maires de petites villes ou de communes rurales voient clairement que le « monde de l’argent » a pour but d’étouffer toute résistance à l’austérité financière et que les réformes territoriales ne sont qu’un moyen de déchirer le tissu social sans le recomposer. Ils voient bien que les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, se sont complu dans une soumission volontaire. Ils voient bien que nous sommes un pays occupé par une oligarchie financière qui propage son idéologie de possession et son arme d’addiction aux jeux, depuis les spéculations immobilières et boursières jusqu’aux écrans de PMU, Rapido et autres Lotos. Ils voient surtout que leurs enfants sont soumis à un bombardement d’images violentes et de fantasmes irrationnels, qui diminue leur capacité d’attention et leurs heures de sommeil. J’ai rencontré un maire qui préparait le voyage de ses brebis à l’estive et qui lisait Le monde d’avant, de Stefan Zweig, le grand écrivain autrichien qui se suicida en 1942 en raison de ce qu’il constatait alors dans le monde sans pouvoir y faire lui-même naître l’espérance.
J’ai alors plus que jamais ressenti que c’est du monde d’après que nous devons parler aux Français, en leur montrant qu’il peut être bien meilleur avec nos atouts et les ressources technologiques de demain. Du passé, nous devons nous inspirer en puisant aux sources qui le transformèrent pour à notre tour transformer le futur.
C’est ce sentiment qui devrait porter la dynamique d’une élection présidentielle, et que n’incarne aucun autre candidat. Certains en portent bien entendu des éléments, mais aucun n’a de projet cohérent qui suscite l’enthousiasme, cet « amour du beau, sublime essor des grandes âmes » qu’inspira Lazare Carnot en 1793. « C’est impossible, c’est utopique », répéteront certains, mais il suffit de voir une belle église romane de Saintonge ou de passer par Domrémy pour que notre véritable identité d’êtres humains et de Français redevienne fondatrice.
Alors, que puisse s’annoncer dans cette élection présidentielle une culture de la vie et de la découverte pour contrer le chantage à la peur ! Surmonter cette peur, c’est d’abord mener un juste combat contre l’ennemi principal, le capitalisme financier criminel qui, depuis la City et Wall Street, s’est étendu au monde et dont la bureaucratie européenne est devenue le relais. Combattant cet ennemi et ses collaborateurs, comme Carnot et Jeanne d’Arc le firent avec ceux de leurs temps. Sans en être détourné par des boucs émissaires, que ce soient les immigrés, les syndicats qui se battent pour les droits des travailleurs ou les patrons de PME, tous victimes qu’on tente de diviser.
Combattons pour ce qui va définir notre futur : couper les banques en deux, pour soustraire l’émission de crédit à ceux qui accaparent et détruisent, et la rendre à un État citoyen. La faillite du gouvernement socialiste vient de ne l’avoir pas fait et celle de la droite de s’attacher au pire. C’est la première chose que je ferai si je suis élu, et si je ne le suis pas, je serai comme un molosse aux trousses des vainqueurs. Pour défendre ce qui doit l’être, un pays avec des hôpitaux publics de qualité, où l’école et l’université sont gratuites et où on est encore mieux protégé qu’ailleurs. Et pour reprendre le contrôle de la révolution robotique et numérique à ceux qui en font un instrument de conditionnement, et construire un État « en ligne », juste, indépendant et participatif.
Notre identité est ce que porte ce projet.