La France avec les yeux du futur

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Le monde se trouve pris entre les deux mâchoires d’un étau, l’une étant la dictature financière et l’autre la production d’armes. L’accumulation de pyramides de dettes conduit leurs détenteurs, comme ce fut toujours le cas dans l’histoire, à brandir leurs armes. Cette fois, cependant, l’argent électronique circule à la vitesse de la lumière. Ce n’est donc pas au niveau d’un ou de plusieurs Etats que se pose le défi pour un pays comme le nôtre, mais au niveau du rôle qu’il doit jouer vis-à-vis de son peuple et à l’échelle du monde.

« Traiter les causes. »

Nos dirigeants et nos principaux partis politiques ne veulent pas concevoir l’ampleur du défi. Ils se perdent en querelles subalternes sur les effets sans traiter les causes. Ils se condamnent ainsi à l’impuissance, faute de présenter l’alternative au monde de la City et de Wall Street. Certains s’en prennent aux migrants, d’autres rêvent de récupérer les activités de la City à Paris, d’autres encore veulent flanquer une raclée à Macron, comme si tout le mal venait de lui.

Alors qu’Emmanuel Macron n’est pas source mais courroie de transmission : en s’efforçant d’opposer progressistes à populistes, il ne fait rien pour arrêter la ruine des classes populaires et moyennes de notre pays. Les plans se succèdent : éducation, formation professionnelle, santé, pauvreté, avec parfois de louables intentions, qui sombrent toutes dans l’hypocrisie de dames patronnesses, faute de moyens pour les mettre en œuvre.

Au cœur de la faute, l’idée promue par Emmanuel Macron et Bruno Lemaire de faire de Paris une nouvelle City est à la fois nocive et absurde. Nocive, car amener chez soi la grande lessiveuse d’argent sale du monde serait faire comme Gribouille, sauter au fond de l’étang pour éviter de se faire mouiller par la pluie. Pire encore, avec son tissu tentaculaire de centres offshore, son secret bancaire, son sanctuaire fiscal, ses investissements des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et ses compétences en matière de vice financier, la City ne pourra jamais, au sein du système dominant, être « challengée » par les « juniors » de Paris ou de Francfort, qui, en plus, se disputent entre eux.

Reprenons ce que disait un jour Eleanor Roosevelt, la femme du Président américain : « Les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les petits esprits discutent des gens. »

Les idées : battons-nous pour un nouvel ordre économique mondial, un nouvel ordre gagnant-gagnant, un Nouveau Bretton Woods hors d’un dollar devenu monnaie de la dictature financière mondiale. Notre diplomatie devrait rassembler, dans ce but, les plus grands pays du monde, dont le poids est nécessaire pour briser l’étau : Chine, Etats-Unis, Inde et Russie. Ce que De Gaulle voulut faire en 1960, à sa façon, et qui fut torpillé par les mêmes forces qui veulent aujourd’hui saboter un Nouveau Bretton Woods.

En Europe, faisons le choix démocratique contre les Traités européens tels qu’ils sont, et refondons un ensemble à l’opposé de ce que veulent tous les Jean-Claude Juncker du monde, tous les collabos de l’ordre financier. Est-ce possible ? Le simple fait de poser la question est absurde, car si mal il y a, il faut toujours le combattre. Et c’est d’autant plus possible qu’à l’opposé de l’ordre dominant depuis le 15 août 1971, aujourd’hui se dessine, avec les Nouvelles Routes de la soie et les BRICS, le retour à un ordre gagnant-gagnant d’équipement de l’homme et de la nature.

Allons plus loin. Si Donald Trump est favorable à un apaisement avec la Chine et la Russie, il est souhaitable qu’il l’emporte contre la cohorte des va-t-en guerre néoconservateurs anglo-américains. Simplement, il faudra ensuite lui demander des comptes : qu’il tienne sa promesse de nouveau Glass-Steagall et passe au Nouveau Bretton Woods.

Pari fou ? Seul pari raisonnable, cependant, si l’on regarde le monde avec les yeux du futur, ceux des idées et non des événements et des personnes.


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L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.