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Chômage et réforme bancaire

mardi 4 décembre 2012

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Les chiffres publiés le 27 novembre sont dramatiques : la France n’a jamais connu autant de chômeurs. Après 18 mois de hausse continue, il y a eu 46 500 inscrits supplémentaires en octobre en catégorie A (sans aucune activité au cours du mois précédent) et 73 600 en comptant les chômeurs en activité réduite (catégories B et C). Cela fait en tout 3 103 000 inscrits en catégorie A, 4 580 000 en catégories A, B et C et plus de 6 millions si l’on ajoute les personnes en très grande précarité des catégories D et E.

En même temps, qu’Arnaud Montebourg et Jean-Marc Ayrault aient dû s’incliner face à ArcelorMittal mesure l’impuissance d’un gouvernement qui ne change pas de système. Certes, 629 métallos ne devront pas pointer au Pôle emploi, mais ils se sentent justement trahis parce qu’aucune stratégie de développement industriel et d’emploi futur n’est prévue. Les deux hauts fourneaux resteront éteints. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, dit que Mittal avait promis 320 millions pour Florange lors de la fermeture de Gandrange, sans qu’on en voie jamais la couleur. Aujourd’hui, pour le programme européen de recherche Ulcos, qui devrait permettre de capter et de stocker dans le sous-sol le dioxyde de carbone issu de la production d’acier, il faudrait trouver un financement estimé entre 600 et 650 millions d’euros. Le gouvernement est prêt à y participer à hauteur de 150 millions, les collectivités locales pour 30 millions et Bruxelles pour 250 millions. Seulement voilà, rien ne dit que Bruxelles donnera suite, avec un budget européen réduit, et surtout Mittal n’a rien promis pour le reste !

Beaucoup de patriotes et de militants de la gauche industrielle, volontariste et protectionniste regrettent que le gouvernement n’ait pas nationalisé. Cependant, le vrai problème est celui des débouchés. Au sein de la mondialisation financière et du système bancaire actuel, l’acier européen et ses travailleurs font l’objet d’un véritable triage. Nationaliser n’aurait donc pas suffi, il faut changer de système pour redonner priorité à l’investissement industriel et au travail humain.

Or l’Europe et la France ont introduit le renard de l’austérité dans leur poulailler économique. Il faut donc commencer par chasser le renard si l’on veut sauver les poules ! C’est ce pourquoi se bat Solidarité et Progrès : un Glass-Steagall global, mettant les activités bancaires sous des toits différents, pour qu’on puisse arrêter de renflouer les prédateurs et les spéculateurs. Pierre Moscovici va certes présenter une « réforme bancaire » le 19 décembre en Conseil des ministres. Mais ce n’est qu’une parodie. Challenges, la voix du monde de la finance, le reconnaît :  « La future loi bancaire française s’annonce effectivement comme un consensus… au profit des banques françaises. »

Nous nous battons donc contre cette pseudo réforme. Nous nous battons en même temps pour que des mesures soient prises contre les « banques de l’ombre », qui gèrent sans contrôle 66 600 milliards d’euros, montant qui a triplé en dix ans.

Cette politique aboutit à un saccage social et à un massacre économique. La Grèce, où réapparaissent tuberculose et paludisme, n’en est qu’un cas extrême. Chez nous, l’Institut Montaigne propose déjà, pour parvenir aux 60 milliards d’économies prévues par le gouvernement d’ici 2017, de diminuer les indemnités de chômage, réduire les remboursements maladie, rogner les avantages familiaux et faire le tri dans les aides au logement.

La Grèce vient ainsi à nous. L’alternative est d’effacer les dettes illégitimes, comme l’Islande. On ne peut le faire seuls ? Ayons le caractère de lancer le défi à l’Europe pour arrêter le suicide mutuel organisé.


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