Paris, le 11 février 2011 – Je viens de prendre connaissance du départ du Président égyptien Hosni Moubarak.
Je me sens très proche en cet instant de tous ceux qui ont combattu en Egypte pour se libérer d’un régime corrompu soutenu avec aveuglement par les puissances du monde transatlantique et l’Etat d’Israël.
Aujourd’hui, l’essentiel reste à faire et nous avons le devoir d’aider l’Egypte à renouer avec les plus grands moments de son histoire, ceux du combat contre la colonisation britannique et des efforts pour faire valoir son droit à l’indépendance économique. Je relis tout ce que Rosa Luxemburg a écrit sur le régime imposé à ce pays par les puissances impériales, ce qui nous fait d’autant plus devoir, à nous autres Français, d’accompagner ce pays vers un horizon de paix et de développement mutuel.
J’ai été heureux en voyant que la libération du pays n’a jamais été souillée par des propos racistes ou antisémites dans un exemplaire témoignage de non-violence organisée. Coptes et Musulmans, jeunes et moins jeunes ont manifesté ensemble, retrouvant comme leurs frères tunisiens ce que peuvent être des vies sans peur.
Il reste aujourd’hui à balayer devant notre porte, ici en Europe et aux Etats-Unis, car c’est de nous – directement ou indirectement – que les problèmes de l’Egypte sont venus.
La solution ne peut qu’être un système mondial nouveau, permettant le développement mutuel de toute la région et de tous les Egyptiens.
Pour cela, il faut réorienter les flux financiers vers de grands projets de développement, permettant à l’Egypte de redevenir un grand producteur de denrées alimentaires grâce à une politique de la gestion de l’eau.
Pour cela encore, nous devons arrêter la spéculation financière en mettant une muraille de feu entre banques d’affaires et banques de dépôts, un Glass-Steagall global débouchant sur un Nouveau Bretton Woods donnant à l’Egypte, et du même coup, au Proche et Moyen-Orient, les moyens physiques de s’établir.
C’est la justice dans le développement mutuel qui est la réponse à ce qu’ont exigé et exigent les Egyptiens. C’est la condition de la paix là-bas et dans le monde. Elle ne peut se faire avec l’empire de la City et de Wall Street, cet Empire britannique que les Egyptiens connaissent d’instinct, peut-être beaucoup mieux que nous-mêmes.
Alors, Françaises et Français, encore un effort si vous voulez qu’après, « Liberté, Egalité et Fraternité », retrouvent un sens dans un monde sans Wall Street, sans City et sans ceux qui les ont servis et les servent.