Discours de Jacques Cheminade lors de la grande réunion publique tenue le 16 novembre à Paris, dans le cadre de l’Assemblée générale 2013 de Solidarité & Progrès. Toutes les vidéos de l’événement sont disponibles sur solidariteetprogres.org/AG2013
Jacques Cheminade était à la tribune aux côtés de Charles Paperon (ancien combattant de la France Libre et initiateur de l’appel pour un nouveau CNR), Gérard Faure-Kapper (président de l’APLOMB, association de lutte contre les abus bancaires), Mohammed Bouznada (adjoint au maire de Poissy, candidat S&P aux municipales de 2014), Eugène Perez (maire de Chamouilley, Haute-Marne) et Bill Roberts (ancien candidat aux primaires démocrates de Détroit et membre du comité politique du LaRouche PAC, USA).
Résumé du discours, publié dans Nouvelle Solidarité
Notre mission est de faire revivre les Jours heureux
Jacques Cheminade entama son intervention par une citation d’Andrew Huszar, responsable du programme d’achat de titres hypothécaires (subprime) pour la Réserve fédérale américaine entre 2008 et 2010 : « Je n’ai plus qu’une chose à dire : je présente mes excuses à l’Amérique… Ce programme n’a abouti qu’à remplir les poches de Wall Street. »
« Nous vivons en effet un moment de régression économique et sociale planétaire, un moment de libéralisation financière généralisée, destructeur de l’humain. Pour pouvoir devenir optimiste en combattant cette régression, il faut en identifier les coupables là où se trouve sa matrice. Il s’agit d’une oligarchie financière – ce que j’ai appelé pendant ma campagne présidentielle le monde de la City et de Wall Street – qui a pris l’humanité en otage. Nous devons la délivrer. David peut toujours vaincre Goliath. Pourvu qu’il saisisse sa fronde et frappe l’ennemi au cœur. La fronde de David, ce n’est pas une « Fronde » ou une jacquerie, c’est tarir la source de l’oligarchie en mettant en faillite la City et Wall Street, en orientant tous nos combats partiels vers ce but général. Car c’est de système qu’il faut changer, et de conception de l’homme. Vous connaissez les étapes de notre combat : une séparation bancaire stricte, un système de crédit public à long terme se substituant au monétarisme prédateur, l’équipement de l’homme et de la nature grâce et par ce crédit, en investissant dans les technologies et les types de production d’énergie aux densités de flux les plus élevées, seules susceptibles d’accroître notre capacité de peuplement du monde, et arrêter la dépopulation voulue par l’oligarchie.
« Cependant, avant d’aller plus avant dans notre projet, il est nécessaire de parler de ce qui l’anime… C’est de savoir que le propre de l’homme n’est pas de se soumettre à un environnement donné, mais de le transformer pour le bien commun, en mobilisant en lui-même le potentiel créateur qui fait de lui un être humain, responsable de tout et de tous, attaché au service des générations à naître. Ce potentiel émancipateur est ce qui constitue la République et sa mission, le service public. C’est ce qui est en train d’être détruit aujourd’hui, à l’échelle du monde et par la fausse Europe de l’Union européenne (UE). Nous devons réparer le monde, en artistes de la politique, le tikkum olam , porté d’abord par le judaïsme puis accompli dans notre histoire. Pour commencer, cela veut dire que nous tenions parole, en respectant l’esprit et la lettre des textes que nous avons adoptés et signés et qui incarnent nos principes fondateurs. Nous devons arrêter de violer non seulement l’Europe, mais le préambule de notre Constitution, voté le 27 octobre 1946, « au lendemain de la victoire remporté par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir la personne humaine » . Nous devons arrêter de violer la Déclaration de Philadelphie, du 10 mars 1944, qui proclame que « le travail n’est pas une marchandise » , (…) la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, (…) le programme d’action du Conseil national de la Résistance, adopté le 15 mars 1944, afin d’ « instaurer une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ».
Cheminade décrivit ensuite l’état de faillite virtuelle du système financier et monétaire, soulignant que les grandes banques françaises ne disposent que de 2 à 5 % de fonds propres dans leurs bilans ! La folie est de penser que la société de consommation puisse fonctionner avec des consommateurs étranglés par l’austérité, la « rigueur » et le « sérieux budgétaire ». « Le taux de chômage officiel est entre 10 et 11 %, mais le taux d’emploi – la proportion de personnes disposant d’un emploi constant – est de 63,9 %, ce qui signifie que les sans emploi représentent plus du tiers des Français ! »
Cheminade montra alors l’appauvrissement croissant (un Français sur sept est « pauvre »), la multiplication des suicides (un suicide d’agriculteur tous les deux jours, mais aussi des suicides à Bercy, chez les gendarmes, à La Poste, etc.) et le déni d’accès aux services publics, depuis la médecine du travail jusqu’à l’aide juridictionnelle.
Il conclut en soulignant le caractère monstrueux, dans ces circonstances, du « projet financé à hauteur de 1 milliard d’euros par l’UE, visant à "constituer un modèle global du cerveau humain…apparenté au décodage du circuit d’un ordinateur". Ce n’est pas seulement Big Brother à l’extérieur mais aussi bientôt à l’intérieur de nous !
Le moment est donc venu de réagir. Sinon, nous serons condamnés au pire : ressembler à une caricature de l’ennemi… Soyons donc cette France qui peut et veut venir, cette France dont le monde à venir a besoin. Battons-nous pour faire revivre les Jours heureux. »