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Écologie : Jacques Cheminade répond aux questions d’Hubert Reeves

dimanche 2 avril 2017

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Le 28 mars 2017, Jacques Cheminade, candidat à l’élection présidentielle a répondu à un questionnaire de Science & Avenir.

Introduction du magazine : « Les candidats à l’élection présidentielle de 2017 répondent aux interrogations de 5 grands scientifiques sollicités par Sciences et Avenir : la physicienne Claudine Hermann, l’astrophysicien Hubert Reeves, le généticien Axel Kahn, le médecin Jean-Claude Ameisen et le mathématicien Cédric Villani. »

Écologie :
Jacques Cheminade répond aux questions d’Hubert Reeves

Source : Science & Avenir, 28 mars 2017.

Hubert Reeves : Tout se passe dans cette campagne électorale comme si l’environnement n’était pas quelque chose de grave. La COP21 a été un moment historique où 195 pays se sont mis d’accord sur un problème majeur, le réchauffement climatique. Comment comptez-vous poursuivre cette action ?

Jacques Cheminade : Je considère pour ma part l’environnement comme une question fondamentale dans cette campagne présidentielle, mais je pense aussi que les défis majeurs du XXIe siècle, que sont le changement climatique, la pollution des grandes métropoles, celle des océans, le problème de l’accès à l’eau potable et à l’énergie, pourront être relevés, non pas en invitant les pays émergents ou en voie de développement à freiner leur croissance, mais en les accompagnant dans leur lutte contre la pauvreté, par une politique de codéveloppement pour de grands projets d’infrastructure et le partage des connaissances et des compétences sur les technologies les plus avancées.

La pauvreté et le sous-développement sont pour moi les principales causes de la dégradation de l’environnement. Ils sont aussi les conséquences d’un système financier international que je combats depuis plus de 40 ans et qui a toujours survécu en imposant sa logique de pillage à court terme au détriment du développement humain à long terme.

L’homme n’est pas un fléau destructeur de ressources

Ma vision de l’écologie s’oppose donc à toute conception malthusienne, anti-croissance et anti-populationniste, qui, si on la suit jusqu’au bout, aboutit inéluctablement à des conséquences criminelles. Elle part au contraire du principe que l’homme n’est pas un fléau destructeur de ressources, mais un créateur capable de changer volontairement son environnement pour le rendre plus apte à être peuplé. Il existe une ressource inépuisable : c’est la capacité créatrice de l’être humain, qui fait que les " lois intangibles " ne sont que des contraintes momentanées pouvant être surmontées par la découverte de principes physiques nouveaux, appliqués sous forme de technologies plus denses (c’est-à-dire produisant davantage par être humain, par surface donnée et par gramme de matière utilisée) dans un processus de développement harmonieux.

Le nucléaire de quatrième génération doit profiter à l’ensemble de l’humanité

Aussi, ma politique dans ce domaine sera de prendre un engagement à long terme avec les pays du monde en vue de garantir l’accès à l’énergie et à l’eau potable pour chaque être humain vivant sur cette planète. Les perspectives offertes par le nucléaire de quatrième génération et la fusion thermonucléaire contrôlée pour la production d’énergie ainsi que le dessalement à bas coût de l’eau de mer doivent profiter à l’ensemble de l’humanité. De même, la détection d’aquifères souterraines (réserves d’eau en sous-sol) dans les régions désertiques du Soudan, du Kenya et d’Irak, grâce à la méthode découverte par l’ingénieur Alain Gachet, est un autre exemple d’ingéniosité formidable qui doit être mis à profit dans toutes les régions du monde qui en ont besoin.

Je suis persuadé que c’est par cette politique que nous pourrons tracer les pistes viables vers une solution aux graves problèmes environnementaux qui touchent la planète. J’y engagerai donc la France, en invitant toutes les nations du monde, aussi bien dans le cadre des futures COP que d’autres grands forums internationaux, à coopérer dans ce sens.

Hubert Reeves : Reviendrez-vous sur l’autorisation de construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ?

Jacques Cheminade : Oui, car cela correspond à une conception dépassée du transport. Je suis, au contraire, partisan de réduire au maximum les vols continentaux de moins de 1500 kilomètres grâce aux transports terrestres à grande vitesse. C’est pourquoi j’ai toujours défendu l’idée de revenir à l’aérotrain de Jean Bertin (avec des moteurs de la génération actuelle) pour connecter Rennes à Nantes en moins de 20 minutes.

Je privilégierai aussi ce type de transport à l’échelle de tout le pays pour connecter les villes grandes et moyennes, garantissant ainsi un maillage plus cohérent du territoire et le désenclavement économique des zones rurales et périurbaines. En y ajoutant l’extension du ferroutage pour réduire l’encombrement des axes routiers par les camions, ainsi que le financement, avec des aides publiques, de la voiture à hydrogène, dont la production en masse permettra de diminuer fortement la pollution.


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