La France avec les yeux du futur

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Nous vivons aujourd’hui un de ces moments décisifs de l’histoire dans lequel un monde meilleur devient possible.

Cet enfantement n’est pas perçu en Europe et en France, où l’aveuglement de l’Union européenne (UE) nous égare. Il n’est pas perçu en Amérique, comme nous dominée par le profit financier et une conception des rapports de force dans laquelle les gagnants doivent rafler la mise au détriment des perdants. Cela s’appelle la géopolitique et a toujours conduit à la guerre.

La réunion du G7 qui vient de se tenir au Canada apporte la preuve de ce désordre autodestructeur. Un club de pays accrochés à ce qu’ils pensent être leurs privilèges opère dans l’arrogance d’un entre-soi sans avenir. Les Etats-Unis et l’Italie proposent de réintégrer parmi eux la Russie, alors que tous ne sont capables que de se livrer entre eux à une guerre commerciale.

« Créer chez nous la base sociale pour notre rôle dans le monde. »

La Russie leur répond qu’elle accepterait de participer à ce club si on le lui offrait, mais que sa préférence va à des organisations plus ouvertes et fondées sur le développement mutuel. Les entretiens entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, à l’occasion de la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai, les déclarations du président indien Narendra Modi à Singapour et l’intégration économique entre pays participant aux Nouvelles Routes de la soie et pays membres de l’Union économique eurasiatique, définissent un monde qui bascule vers l’Asie et l’Eurasie.

La dynamique des Nouvelles Routes de la soie définit ainsi la nouvelle règle du jeu mondiale de paix par le développement mutuel. C’est là que se trouve le modèle gaullien de « détente, d’entente et de coopération », même si aujourd’hui il porte les termes dérivés du confucianisme de connectivité, inclusivité et complémentarité. Là, et non dans la réunion du Groupe de Bilderberg qui vient de se tenir à Turin, là et non au sommet de l’UE qui va se tenir les 28 et 29 juin à Bruxelles, là et non au sommet de l’OTAN, les 11 et 12 juillet.

Quel pourrait et devrait donc être le rôle politique de la France dans ce contexte ? Eh bien, participer à l’enfantement. A court terme, en créant les conditions pour une réunion au sommet entre les présidents Trump et Poutine, indispensable à l’ordre du monde. A moyen et long terme, en se situant à l’avant-garde de l’ordre de développement mutuel entre les peuples que préfigurent les Nouvelles Routes de la soie et en contribuant à la nécessaire architecture d’un système de sécurité mondiale.

Il y a quelque 20 ans, Lyndon LaRouche a défini, dans ses Cinquante prochaines années de la Terre, les conditions de cet univers qui doit venir pour assurer la paix par le développement mutuel. Je l’ai fait aussi. La France, en adoptant cette perspective, aurait une chance immense à saisir.

Cela veut dire créer chez nous la base sociale pour notre rôle dans le monde. C’est-à-dire sortir de l’austérité sociale et de la flexinsécurité et adopter une vraie politique révolutionnaire de développement mutuel portant les forces vives du travail et de la production. Bref, rétablir un sens collectif. A ne pas le faire, Emmanuel Macron joue son destin.

Déjà les économistes qui ont inspiré son programme lui demandent de « prendre en compte la réalité sociale » et le malaise s’étend parmi ceux qui ont participé à la République en marche. Sa seule chance est l’absence d’opposition cohérente. Notre rôle, ici, est de demeurer toujours éclaireurs.

Pour enfanter, il faut retrouver à la fois ce que la tradition confucéenne appelle l’esprit du Tianxia, un ordre mondial de coexistence et un esprit d’attention à l’autre et de curiosité dont Emmanuel Macron ne porte que l’apparence.

Notre mission est de changer la France et lui redonner sa place, hors du monde de la City et de Wall Street et par delà une UE qui a trahi les valeurs historiques de l’Europe. Idéalisme ? Non, sens du monde qui vient, pour échapper au chaos financier et au risque de guerre.


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L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.