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Grandeur et petitesses

mardi 30 août 2005

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Cet été, en France, la majorité, l’opposition et l’ensemble des partis politiques ont fait comme si le 29 mai ne s’était pas produit : ils se sont livrés à leurs querelles de positionnement en demeurant aveugles face à la tempête mondiale.

Les premiers cent jours du gouvernement Villepin-Sarkozy ont été consacrés, non à des initiatives hardies, mais à peaufi ner une image. Pendant ce temps, le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, a été saisi à deux reprises par des confl its d’intérêt (affaires Rhodia-Canal Plus Technologies et France Télécom), qui ont mis en lumière où se trouvent ses allégeances politiques, c’est-àdire certainement pas du côté des consommateurs et des salariés. Il a été décidé par décret que les chômeurs refusant un emploi seront plus souvent sanctionnés. Les autoroutes ont été privatisées, ce qui équivaut à confier à des intérêts particuliers une société d’intérêt général en situation de monopole et à priver l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (ATIF) de sa principale ressource, c’est-à-dire à freiner les grands travaux ( TGV-Est, Fos-sur-Mer, la liaison Lyon-Turin). Les routes nationales ont, elles, été départementalisées (20 000 kilomètres) et si l’Etat s’est engagé à verser aux départements une dotation calculée sur la moyenne des fonds engagés au cours des trois dernières années, cette somme sera notoirement insuffi sante à l’avenir pour que ces routes continuent à être entretenues et modernisées.

Après l’ouverture du capital de Gaz de France, c’est maintenant EDF qui est visée, tandis que la SNCF ne peut continuer à financer des trains interrégionaux déficitaires (l’Etat n’assure pas une péréquation). Bref, le marché l’emporte sur le service public, le pouvoir local sur l’autorité centrale et les intérêts financiers sur ceux des salariés et des producteurs, avec, en toile de fond, une hausse des prix des loyers, des assurances et des services bancaires.

Le PS est, lui, atteint d’un strabisme divergent, l’oeil gauche sur un Karl Marx mollétisé et le droit sur un Tony Blair franchouillé. Dominique Strauss-Kahn et Michel Rocard ont raison de dire que le problème socialiste n’est pas de changer de têtes, mais « de proposer un autre chemin que ce que fait la droite et ce que fi t la gauche ». Cependant, eux-mêmes en restent à une Europe monétariste qui est la cause même de la situation actuelle ! A l’extrêmegauche, le produit de synthèse qu’on appelle Olivier Besancenot célèbre son amitié avec les rappeurs Monsieur K. Fidèle et Joey Starr - une décennie de fraternisation avec ce dernier, condamné plusieurs fois pour coups et blessures infl igés à des femmes et mauvais traitement sur des animaux - au temps pour le féminisme et l’écologisme proclamés le coeur sur la main !

Ici, nous nous battrons au contraire pour ce qui en mérite la peine, sans ce cynisme, cette démagogie et cette hypocrisie qui caractérisent tout un milieu associé à plus de trente ans de veulerie financière. Il est temps que vous nous aidiez davantage, lecteurs, à introduire un peu de grandeur au sein de tant de petitesses.


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