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Impératif spatial

mercredi 24 juillet 2019

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Nous célébrons le cinquantième anniversaire du jour où un être humain sortit pour la première fois de son berceau terrestre.

Il s’agit d’une immense espérance : nous pouvons mieux comprendre notre univers en l’explorant, et relever le défi de cette exploration nous offre des retombées qui améliorent notre vie sur Terre.

Comme le répète l’Agence spatiale européenne (ESA), nous sommes tous des cosmonautes, sauf que certains en sont conscients et d’autres non. En effet, notre plancher des vaches se déplace en orbite autour du Soleil à la vitesse moyenne de 107 218 km/h et notre système solaire de 720 000 à 920 000 km/h dans la Voie lactée, sans parler du parcours de notre galaxie vers celle d’Andromède à 400 000 km/h.

Nous sommes donc de grands voyageurs, de plus en plus conscients de l’être au fur et à mesure de nos progrès matériels sur Terre. Cette conscience stimule à la fois notre créativité individuelle et notre nécessaire engagement collectif pour en maîtriser les moyens.

« La meilleure arme est l'optimisme culturel. »

Elle suppose créativité, volonté, coopération et partage. Preuve en est, en pleine Guerre froide, la création de l’Association des explorateurs de l’espace, russes et américains, rassemblant aujourd’hui des représentants de plus de cinquante pays. Rester sur le plancher des vaches revient au contraire à admettre que la Terre est une prison, un système clos dans un univers entropique voué à des guerres pour s’emparer de ressources limitées ou à des politiques de dépopulation pour en réduire la consommation !

On nous répondra que c’est précisément en ce moment de l’histoire que les grandes puissances, y compris la France, militarisent l’espace. Là se trouve le cœur du débat : comme pour l’énergie nucléaire, le détournement de moyens d’exploration à des fins de domination militaire n’est pas dû aux technologies mobilisées, mais aux desseins de ceux qui en font usage.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Explorer au-delà du connu exige une meilleure forme de vie sociale. La militarisation est, elle, la projection d’un ordre passé destructeur, dévoyant et détruisant la possibilité de continuer l’exploration.

Reste l’autre face du danger aboutissant au même résultat : arrêter la poursuite de l’exploration. C’est ce que veut l’oligarchie dominante. Explorer, étendre ses connaissances, rend intelligent et capable de maîtriser son destin.

A la City, à Wall Street et dans toutes les Cours du moment, on veut l’éviter à tout prix. D’où leur promotion d’un écologisme « vert » dévoyé : pour eux les êtres humains ne doivent pas être la force directrice de l’univers, mais sont, dans un monde de ressources limitées, des pollueurs et des prédateurs portés à détruire.

D’où leur promotion d’un pessimisme culturel : si l’espèce humaine se méprise elle-même, ses révoltes seront impuissantes. Le plus facile est d’influencer la jeunesse, en créant un faux débat entre catastrophistes décroissants et partisans d’une croissance verte, évacuant tous l’hypothèse du développement mutuel et du bien commun. Le Club de Rome commençait déjà à prévoir le pire dans les années 1970, sans tenir compte de l’apparition de nouvelles ressources.

Ses extrapolations se sont donc révélées fausses mais aujourd’hui les mêmes forces recommencent, espérant réussir, grâce à leurs moyens infiniment supérieurs de contrôler l’opinion, avec les milliards de données dont ils disposent sur nous tous et les ressources de l’Intelligence artificielle.

Contre eux, la meilleure arme est l’optimisme culturel. Dans une société vouée au bien commun, portée par la mise en œuvre des objectifs communs de l’Humanité, l’IA, le numérique et la fusion thermonucléaire pourront assurer l’exécution des tâches répétitives, le fonctionnement des rovers d’exploration spatiale et nous fournir une source d’énergie sûre et abondante.

Combattons donc pour cette société fondée sur le principe d’humanité, contre ceux que Rabelais appelait déjà les « désastrologues » et les picrocholins va-t-en guerre.


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L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.