Nous menons ici le combat pour une vraie Banque nationale, avec un système de crédit public qui alimente le travail, la science, l’industrie et l’aménagement du territoire, tout ce qui permettra de rendre la France plus juste et plus belle. Y parvenir veut dire se mobiliser contre le monde de Wall Street et de la City, incarné chez nous par un néolibéralisme administré par une oligarchie cynique et une Union européenne dévoyée.
Ce combat semble parfois abstrait à ceux qui ressentent plus que personne l’injustice qui leur est faite, mais qui sont enfumés par les médias et égarés par les réseaux sociaux. Nous tenterons aujourd’hui de montrer concrètement les dégâts humains et sociaux dont nous sommes victimes, non pour le plaisir de dénoncer mais comme un appel à nous ressaisir. Déroulons le fil.
Comme le souligne Finance Watch, moins de 15 % du bilan total des banques françaises est consacré au financement d’entreprises non financières. En clair, ce n’est pas la substance de notre pays que nourrissent nos banques mais des spéculations sur l’argent. Elles participent à un système financier international qui ne survit qu’en émettant de la fausse monnaie et en tenant un langage de plus en plus faux. Les quatre plus grandes banques américaines traient les Etats avec la complicité de leurs banques centrales, en imposant aux peuples l’austérité sociale et en les tenant par la laisse d’un crédit à la consommation qui remplace le pouvoir d’achat des salaires.
Nos grandes banques sont activement complices ; c’est pourquoi il faut, au centre du dispositif financier, imposer une gestion du peuple, par le peuple et pour le peuple. Ceux qui parlent sérieusement de souveraineté nationale doivent commencer par là. Ajoutons que plus des deux tiers des profits de nos sociétés sont distribués sous forme de dividendes, contre seulement 27 % pour le réinvestissement et à peine plus de 5 % pour les salariés.
Depuis l’élection de Macron, les bénéficiaires de ce système s’en donnent à cœur joie en passant du public au privé, avec des avantages mirobolants, jamais vus auparavant et jamais à un âge aussi peu avancé. L’indécence atteint son comble lorsque ces « fonctionnaires » vont s’occuper d’entreprises à dominante désormais financière, en monnayant leur carnet d’adresses. Finance et connivence sont deux piliers de ce capitalisme extrémiste, dont le troisième est indécence. Sylvie Goulard n’est qu’un exemple révélateur : ayant dû quitter le gouvernement sur un conflit d’intérêts, elle a été nommée sous-gouverneur de la Banque de France. Démonstration de la nécessité d’une Banque nationale…
Et comme la substance financière va là, elle ne va pas ailleurs. On sait que Muriel Pénicaud refusait que les entreprises paient un congé porté de cinq à douze jours aux parents après le deuil d’un enfant. Nous n’aurons pas la cruauté de rappeler les indemnités et revenus qu’elle touchait en tant que DRH chez Danone. Ce n’est d’ailleurs que la face émergée – « up » – de l’iceberg. Depuis la loi du 11 février 2005, les personnes handicapées, par exemple, ont surtout bénéficié et vont bénéficier de belles paroles, mais de peu d’accompagnants en classe, rien de prévu pour leur vieillissement et 6500 citoyens français devant s’exiler en Belgique pour être convenablement traités et éduqués.
C’est un sens de solidarité populaire qui se perd, cette solidarité spontanée qui fait dire que certaines choses « ne se font pas ». Avec elle partent les engagements d’égalité et de fraternité, et la liberté se transforme en espoir de rafler la mise. Notre projet vise à rétablir l’accord entre solidarité et progrès, car l’un ne peut aller sans l’autre. L’avantage d’autrui, qui permit la paix entre les nations du Traité de Westphalie, doit pareillement s’inscrire dans la vie de chaque jour. Ce principe est menacé de partout. Raison de plus pour nous battre, en France et dans les affaires du monde.