Les candidats ont également répondu à une questionnaire dont les réponses sont consultables sur le site du CNPMEM.
La pêche et l’aquaculture avec les yeux du futur
Intervention de Karel Vereycken, porte-parole de Jacques Cheminade
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
C’est avec un grand plaisir que je m’exprime devant vous ce matin en tant que porte-parole de Jacques Cheminade. Comme d’autres candidats, M. Cheminade prend ce matin la parole à Brest devant le Congrès de la FNSEA pour y exposer sa vision de l’agriculture. Il m’a donc chargé de le représenter ici pour vous parler de l’Économie bleue, la pêche et l’aquaculture, un sujet pour lequel, sans être du métier, ma passion augmente de jour en jour.
Permettez-moi d’abord de souligner que M. Cheminade est un des rares candidats à avoir fait de la Mer et de l’Économie bleue non pas un point de programme pour pêcher des voix auprès d’un secteur socioprofessionnel en souffrance, mais, parce qu’il estime qu’il s’agit de toute évidence d’un enjeu de civilisation, dont il est urgent de débattre.
Comme preuve, permettez-moi de vous lire un extrait de cet article publié en 2016 sur son site qui affirme : « Tous les experts le savent, l’avenir de l’humanité passera inexorablement par la mer. Jusqu’ici, l’homme n’a exploré que 5 % des fonds marins, et moins de 1% de sa faune et de sa flore nous est connu. La mer contient 500 millions de substances chimiques, on n’en connaît que 100 000. Ainsi, avec l’espace, la mer reste paradoxalement une des « nouvelles » frontières de l’humanité. C’est là où presque tout reste à explorer, où tout peut être repensé et refait : notre développement économique, notre alimentation, notre santé, nos médicaments, notre transport, notre sécurité et notre façon de vivre et de travailler ensemble ».
C’est de ce point de vue que le rôle de la pêche et de l’aquaculture s’avère fondamental. D’une activité qui hier encore se limitait à prélever une partie de la biodiversité pour en nourrir une autre, la pêche de demain se fera dans le cadre d’un aménagement raisonné et concerté des océans où une lutte implacable contre les déchets plastiques s’impose mais où certaines zones seront réservées à l’exploitation minière, d’autres au tourisme et d’autres encore, et pas les moindres, à la pêche et à l’aquaculture.
Formons donc nos pêcheurs afin qu’ils puissent être au meilleur d’eux-mêmes aux « nouvelles frontières » et devenir ces « ingénieurs de la mer » dont nous avons tant besoin pour demain, pour reprendre ce terme très juste proposé par votre président. Avec nos chercheurs et nos entrepreneurs, nous investirons nos efforts et notre intelligence dans l’océan comme dans une terre fertile où l’agronome récolte ce qu’il a cultivé.
Une belle utopie ? Pas tant que ça car les chemins pour y arriver sont connus de tous :
- oui, il faut un Ministère de l’Économie bleue et de la mer à part entière ;
- oui, il faut, comme pour l’agriculture d’ailleurs, que cesse la mise en concurrence sauvage entre la petite , la moyenne et la grande pêche, alors qu’elles sont complémentaires ;
- oui, avec l’UE ou hors de l’UE, il nous faut un accord équilibré post-Brexit avec le Royaume Uni ;
- oui, il faut que la BPI dont Cheminade veux tripler les moyens permette aux artisans-pêcheurs d’acquérir des bateaux plus grands, plus modernes, plus sûrs et plus confortables et surtout mieux équipés pour des missions de plus en plus scientifiques. Nous savons les construire en France et ce sera autant d’emplois à créer ;
- oui, comme pour l’agriculture, nous devons aller vers une « pêche de précision », permettant, grâce à des filets innovants ou des dispositifs acoustiques, de ne prélever que ce que nous avons décidé d’avance, tout en protégeant ce que nous avons décidé de cultiver pour demain ;oui, il faut une fiscalité incitative, permettant aux anciens de transmettre dans de bonnes conditions leur entreprise à ceux qui viennent derrière et qui doivent pouvoir s’équiper dans des conditions acceptables ;
- oui, il faut multiplier et améliorer encore plus la formation des marins, des pêcheurs et des aquaculteurs pour qu’ils deviennent réellement ces « ingénieurs de la mer » ;
- oui, il faut pousser les feux sur l’aquaculture où nous avons en France des compétences importantes mais où tant d’expériences restent à tenter.
Tout cela, on le sait. Ce qui manque, c’est la volonté d’y mettre le paquet, c’est-à-dire débloquer les moyens indispensables pour moderniser la filière et créer un cadre réglementaire et juridique protégeant aussi bien l’entrepreneur que le salarié. Seront-nous capables de rompre avec cette occupation financière qui méprise le travail et nous impose une logique de profit à court terme.
Avec le programme de crédit productif public que préconise Jacques Cheminade, ce qui n’a pas été fait depuis trente ans deviendra possible. Pour cela il va falloir mener une bataille. Jacques Cheminade vous invite à le rejoindre dans ce combat.