Analyse de Jaques Cheminade publiée dans Nouvelle Solidarité le 18 novembre 1994. (extraits)
La mort des grands travaux européens
La manière dont les grands travaux proposés dans le Livre Blanc sur la « croissance, la compétitivité et l’emploi » de Jacques Delors, illustre bien comment la substance physique de la construction européenne s’est petit-à-petit évaporée.
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Au départ, ces grands travaux étaient parés de toutes les vertus et prévoyaient l’investissement de 574 milliards d’écus (environ 3750 milliards de francs) Ils devaient permettre de bâtir de réseaux dans le domaine des transports, et aussi dans ceux de l’énergie, des télécommunications et de l’environnement.
Puis 26 projets prioritaires de réseaux transeuropéens de transports ont été énumérés, pour un coût de 82 milliards écus (environ 530 milliards de francs) Les ambitions étaient déjà revues à la baisse)
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Cependant, les gouvernements prétendent maintenant qu’il n’y a même plus assez d’argent pour ces onze grands travaux prioritaires, et il est malheureusement établi qu’il n’en restera plus que quatre ou cinq à Essen !
Les arguments évoqués pour justifier cette contraction permanente sont, il faut le dire crûment, particulièrement stupides.
Le premier est que la « reprise » économique, qui s’est déclenchée en Europe occidentale après les États-Unis, rend ces grands travaux moins nécessaires.
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Le second argument est qu’ils sont « trop coûteux ». C’est la conception britannique, financière de l’économie, qui a toujours répété cela de tous les grands travaux, à l’opposé de la tradition américaine, japonaise, allemande ou française lorsque nos pays se sont développés.