Paris, le 29 octobre 2012 — Le mardi 23 octobre, le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, a pris clairement position pour la réélection de Barack Obama. Le mercredi 24, c’était le tour de Jean-Marc Ayrault sur France Inter , déclarant que s’il était citoyen américain, il voterait « sans hésiter Obama » . Ces prises de position par les plus hautes autorités françaises, dans le contexte d’une élection présidentielle se déroulant aux Etats-Unis, bien que rares en France et en tous cas inédites en Europe, auraient été un témoignage de courage politique, sinon de compétence diplomatique, si elles avaient consisté à soutenir un candidat digne d’être élu.
Or c’est ici précisément du contraire dont il s’agit. Barack Obama a non seulement violé la Constitution américaine en intervenant en Libye sans solliciter l’approbation du Congrès, mais au moment même où MM. Ayrault et Cazeneuve affichaient leurs couleurs, il venait d’être pris la main dans le sac à Benghazi. En effet, pour prétendre avoir mis fin aux opérations d’Al Qaida avec l’élimination de Ben Laden, il n’a pas voulu intervenir pour protéger l’Ambassadeur Stevens et les commandos des Navy Seals sur place car avouer l’existence d’un attentat terroriste aurait terni son image électorale de vengeur triomphant. Scandalisés par cette attitude, ce sont des militaires américains et des conseillers politiques qui ont laissé filtrer la vérité. M. Obama et ses services, qui n’hésitent pas à utiliser des drones pour abattre des terroristes et à tuer des milliers de civils par « dommage collatéral », a refusé d’utiliser ces armes pour sauver la vie à des hommes qui la risquaient pour leur pays.
Qui plus est, Barack Obama a confirmé qu’il sert bien la cause de Wall Street et non du peuple américain en déclarant dans Rolling Stones , le 25 octobre, qu’il ne mettra pas en œuvre le Glass-Steagall. Il refuse ainsi de mettre hors d’état de nuire ceux qui ont joué, triché et spéculé. Dans le Des Moines Register , le 24 octobre, il s’est déclaré de surcroît prêt à envisager des coupes claires dans les dépenses médicales.
Le choix de MM. Cazeneuve et Ayrault paraît donc pour le moins malheureux. L’on rétorquera que le républicain Romney est pire. Ce qui mérite deux précisions. D’une part Obama a montré au cours de sa première présidence ce dont il était capable. D’autre part, Obama et Romney sont les deux expressions d’un même système et n’ont rien à proposer qui corresponde aux défis de l’époque. C’est pourquoi non seulement MM. Ayrault et Cazeneuve ont perdu une occasion de se taire, mais ils auraient dû expliquer la situation tragique dans laquelle se trouvent les Etats-Unis, au lieu de parier sur un résultat comme s’il s’agissait d’une course de chevaux.