Paris, le 12 janvier 2013 – Notre intervention militaire au Mali est une réaction légitime face à l’offensive conduite au Sud de ce pays par les mouvements djihadistes occupant actuellement le Nord. Elle est conforme à la résolution votée en décembre aux Nations unies et constitue une réponse à la demande d’assistance formulée par le gouvernement malien et le président de l’Union africaine.
Cependant, sans changement global de notre politique africaine et internationale, cette intervention conduira à un désastre en risquant de transformer le centre de l’Afrique en un nouvel Afghanistan.
Au Mali même, il est indispensable que nous apportions une perspective de développement économique et contribuions à éliminer les réseaux de corruption. Nous devons tout particulièrement aider à mettre en place une politique de l’eau, rétablissant le fonctionnement des cinq lacs constituant le « système Fabiguine » du delta intérieur du Niger et, plus généralement, des dix-sept grands lacs du nord. Avec des moyens civils et notre Génie militaire, nous devons participer à la lutte contre l’ensablement et la dégradation des sols et pour l’amélioration de la qualité des eaux et la sauvegarde des forêts. Sans cette amélioration de l’environnement, il sera impossible de rétablir un vouloir vivre en commun durable.
Une politique de justice sociale et de participation aux affaires de l’Etat doit être par ailleurs négociée avec les représentants authentiques du peuple touareg.
Cela signifie en clair que nous devons effacer les conséquences de notre désastreuse intervention en Libye, qui a conduit à la dispersion d’armes dans toute l’Afrique saharienne et sahélienne, et organiser une sortie par le haut de cinquante années de Françafrique.
Plus généralement, nous devons faire un choix dans notre politique internationale. Nous ne pouvons pas combattre les djihadistes en Afrique centrale et les encourager en Syrie. Nous ne pouvons pas être à la fois les amis du Qatar, chercher de gros contrats en Arabie saoudite et combattre ceux qu’ils financent et arment. Il est temps de choisir.
Si notre intervention au Mali signifie que nous faisons un nouveau choix, en défiant le néo-colonialisme financier et l’Empire de la City et de Wall Street, nous ne pouvons que totalement le soutenir. Si au contraire, nous tentons d’inscrire notre intervention dans la continuité de la politique que nous avons suivie en Libye et que nous suivons en Syrie, soumise à un impérialisme mondialiste, nous irons vers le désastre. Nous y perdrions à la fois la guerre et notre honneur.