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mardi 22 juillet 2014

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L’édito de Jacques Cheminade

Les Français veulent légitimement trois choses : des emplois qualifiés pour eux-mêmes et leurs enfants, le rétablissement de la justice sociale et qu’une raison d’être soit redonnée à leur patrie. François Mitterrand déclarait en 1971, à Epinay, « celui qui ne consent pas à la rupture (…) avec la société capitaliste ne peut pas être adhérent au Parti socialiste ». Le 22 janvier 2012, au Bourget, François Hollande assurait que son « principal adversaire » était « la finance ».

Aujourd’hui, Michel Sapin affirme sur BFM que « notre amie, c’est la finance ; la bonne finance ». Jouant les matamores de gauche, le 11 juillet sur la matinale de France Inter, Arnaud Montebourg nous balance : « Prenons inspiration et appui sur Roosevelt. » Il entend cependant le faire… avec du « capital privé » ! Et voilà donc cet anticonformiste tout aussi social-libéral que ses amis. Quant aux députés « frondeurs », ils exigent davantage pour les ménages en difficulté, mais restent dans la même logique de réduction des dépenses publiques.

L’enjeu et la portée de cette soumission n’apparaissent peut-être pas clairement à ceux qui me lisent. Mesurons donc leurs conséquences. En termes sociaux : près de 20 % des Français sont pauvres ou en instance de l’être (sources INSEE, Eurostat), le nombre de chômeurs des catégories A, B et C dépasse les 5 millions et le nombre réel de ceux qui n’ont pas un boulot suffisant pour vivre dignement dépasse les 7 millions. En termes économiques : en mai, la production industrielle de la France a encore baissé de 1,7 % et la consommation des ménages a reculé de 1,2 % au premier trimestre 2014. Les entreprises industrielles françaises ne représentent plus que 15 % de notre valeur ajoutée totale et emploient moins de 10 % de la population active. Un exemple : l’Etat français s’apprête à vendre 49,99 % de l’aéroport de Toulouse ! Un autre : on arrêtera le réacteur Osiris fin 2015, « avec un risque de pénurie de radio-isotopes indispensables au diagnostic de certaines pathologies ». L’Etat a livré nos autoroutes aux grands groupes du BTP (Eiffage, Vinci et l’espagnol Abertis), qui en ont fait des « cash machines » au détriment de leurs usagers.

Le scandale prend des proportions encore plus terribles en ce qui concerne nos armées, qui devraient être la garantie de notre indépendance nationale, en particulier contre ces intérêts financiers qui nous pillent. En trente ans, notre budget de la défense a été divisé par deux. L’armée de terre est la plus frappée : aujourd’hui, l’armée suisse a 21 bataillons d’infanterie, nous 20. Nos soldats dépourvus ont fait des miracles en Afghanistan, au Mali et en République centrafricaine, mais avec un système D et au prix de sacrifices et de prises de risque insupportables. Or, avoir de quoi défendre son territoire et son peuple est le signe même de son existence. Nous sommes donc en voie d’extinction. Au profit de qui ? Le rapport du Collectif pour un audit citoyen de la dette le montre bien. Sur les 1950 milliards de dette publique accumulés depuis trente ans, près de 600 milliards sont dus aux taux d’intérêt excessifs prélevés par les établissements financiers prêteurs et près de 500 milliards proviennent des cadeaux fiscaux consentis principalement aux riches et aux actionnaires. C’est le garrot qui impose notre extinction.

Alors, que faire ? Ce qu’aucun gouvernement n’a fait. Imposer une politique de crédit public pour investir dans l’équipement de l’homme et de la nature, assainir l’environnement financier par une vraie séparation bancaire et rompre avec les faux monnayeurs de la City, de Wall Street et de Francfort. Hors de l’Union européenne et de l’OTAN. Une politique risquée ? Bien sûr, mais continuer comme on va l’est bien davantage, entre austérité destructrice et fuite en avant vers la guerre.


L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.


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