Le Parti socialiste a mérité de perdre ces élections municipales, la droite n’a pas mérité de les gagner et le Front national est l’enfant que leur impuissance a porté sur les fonts baptismaux de la République.
Tant que l’ennemi ne sera pas clairement identifié et combattu, les élections demeureront un trompe-l’œil. Qui est cet ennemi ? Contrairement à ce que nous serinent les experts, il a un visage et un centre. C’est l’oligarchie financière criminelle qui opère depuis la City de Londres, Wall Street et leurs paradis fiscaux. Sa courroie de transmission chez nous est le « lobby bancaire » qui a torpillé par le chantage tout ce que François Hollande avait promis au Bourget. Ce lobby occupe les postes stratégiques de la direction du Trésor, de l’Elysée et siège dans les conseils d’administration de presque toutes les entreprises du CAC 40. Il s’est rendu indispensable à nos grands groupes via les techniques d’optimisation fiscale qu’il facilite, c’est-à-dire en privant notre pays de la substance même de l’impôt. Ses représentants, courtoisement méprisants comme un François Villeroy de Galhau ou un Michel Pébereau, occupent le pouvoir sous tous les régimes en contrôlant le crédit et le service de la dette de notre pays. Si on met en cause leurs banques, ils crient à l’atteinte à la souveraineté nationale et dénoncent un « complot anglo-saxon » en oubliant qu’ils empruntent à court terme auprès de Sicav monétaires américaines et opèrent à partir des paradis fiscaux de l’Empire britannique.
Aucun parti, à l’exception du nôtre, n’a le courage de les attaquer frontalement car tous dépendent, à partir d’un certain niveau de croissance, de leurs prêts. MM. Sarkozy et Hollande traitent, en privé, de doux rêveurs ou de farfelus ceux qui osent le faire. Malheureusement, le peuple français se laisse enfumer et engager dans de faux débats protégeant cette nouvelle noblesse qui divise pour régner. « Elite » dont le pouvoir cependant vacille, car « les grandes banques françaises et européennes ressemblent à des tours construites sur du sable ».
Pendant ce temps, qu’est-ce qui arrive dans le monde réel ? Nous devenons politiquement collaborateurs de l’administration Obama au moment où elle soutient le pouvoir de l’oligarchie financière avec les armes de l’OTAN et des marchés. Nous envoyons des Rafale et des Mirage 2000 en Estonie et, à la remorque du pouvoir américain actuel, nous interdisons de séjour et menaçons les avoirs des responsables russes qui tentent de faire appliquer une politique de « dé-offshorisation », c’est-à-dire de faire rapatrier les avoir russes en Russie pour y permettre une grande politique de crédit public : Sergueï Glaziev, Dmitri Rogozine et Vladimir Iakounine. C’est hélas logique : ils luttent à leur manière contre les paradis fiscaux que nos banques fréquentent.
A Bruxelles, nous votons la création d’un Conseil de résolution bancaire unique européen, transfert de souveraineté le plus important depuis la création de l’euro, adoubant ainsi le bail in, c’est-à-dire la possibilité de saisir les comptes de déposants en prétendant protéger ceux de moins de 100 000 euros, mais sans nous en donner les moyens ! A Paris, le rapport Malvy-Lambert, dans la logique de l’austérité pour tous sauf pour les banques, propose de geler en valeur les dépenses des collectivités locales d’ici 2017, ce qui signifie une baisse de leurs interventions. Si les maires n’obtempèrent pas, ils se verront interdire toute augmentation des impôts locaux, perdront donc la maîtrise de leur budget et pourront être mis sous tutelle de l’Etat.
Il faut arrêter la machine infernale et rétablir la prospérité dans notre pays en investissant dans le long terme. Ce n’est pas possible sans une nouvelle Nuit du 4 août contre la noblesse d’empire bancaire. Qui aime notre pays nous suive.
L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.