« En France, la plus grande difficulté, c’est d’inciter les gens à oser. » En reprenant les mots d’Henri Chalet, qui dirige la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, je veux vous dire tout le plaisir et la joie que l’on éprouve à oser. Non pas à oser pour servir ses intérêts égoïstes – cela ne mérite d’ailleurs pas le verbe oser – mais pour participer au chœur du monde. Le chœur est le modèle réduit de la société idéale, et cela vaut pour une chorale d’individus comme pour les peuples et les nations du monde. Osons donc monter sur la scène en cette année nouvelle, alors que les Français ressentent un mélange de peur et de frustration et que ce que l’on appelle « la communauté internationale » est un ensemble désaccordé qui chante faux.
Car le monde a besoin de chacun d’entre nous. Abrutis par une oligarchie qui dispose de moyens de contrôle financier et d’opinion sans précédent dans l’histoire, nous avons le sentiment d’être impuissants. Le krach financier et la guerre sont devant nous et l’on veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative. Disons haut et fort que c’est faux. Le monde a plus d’atouts pour être meilleur qu’à tout autre moment de l’histoire, si nous avons le courage de nous battre pour qu’il advienne.
Par delà l’Empire transatlantique du soleil couchant, par delà une Europe en proie à l’austérité suicidaire, l’élan des pays émergents nous offre précisément l’alternative dont on voudrait nous convaincre qu’elle n’existe pas. Quiconque se rend en Chine, en Inde, en Russie et même en Afrique y trouve des êtres humains qui vivent moins bien que nous autres « Occidentaux », mais sont bien plus optimistes. Eux croient que leur futur peut être meilleur. Ils émergent, comme on dit, alors que nous reculons.
Osons ne plus l’accepter ! Rejoignons leur optimisme ! Non pas en aveugles, mais conscients que nous avons quelque chose à apporter si nous nous ressaisissons. Commençons par arrêter toute la propagande anti-russe, anti-chinoise et anti-indienne, visant leurs dirigeants avec haine et leurs peuples avec suffisance. Les cultures chinoise, indienne, russe et iranienne sont une part du choeur mondial à venir ; la nôtre devrait l’être tout autant et même davantage, mais nous devons d’abord balayer devant notre porte. Ce sont eux, en un sens, qui portent aujourd’hui ce qui nous a portés nous-mêmes et nous a permis d’être ce que nous sommes. Tirons-en les conclusions et libérons-nous de l’oligarchie de la City et de Wall Street, qui utilise les moyens technologiques de notre temps pour faire la guerre ou nous conditionner.
Alors que nous disposons de moyens sans précédent pour construire un monde « gagnant-gagnant », comme le dit le Président chinois et comme cela s’éprouve au sein d’une chorale.
Si l’argent va là où il faut, avec un système de crédit public, un accord entre banques nationales et un plan de développement à l’échelle française, européenne et mondiale, nous disposons d’une source d’énergie potentiellement illimitée et à coût pratiquement nul avec la fusion thermonucléaire contrôlée. Nous disposons en même temps, avec elle, du moyen de propulsion spatiale qui nous permettra d’aller plus loin dans l’espace et de mieux protéger la Terre, tout en apportant le développement aux pays dépourvus : ces objectifs communs de l’humanité sont ce qui exclura par nature le recours à la guerre. Les progrès qui sont devant nous en robotique, cobotique, 3D, nanotechnologies, moyens de communication et médecine définissent, s’ils sont intégrés dans un projet d’ensemble, un monde avec une espérance de vie et une qualité de travail humain sans précédent.
Utopie, alors que la guerre et l’effondrement financier frappent à notre porte ? Non, pourvu que nous combattions. Il est des moments où, comme le disait François Villon, « on doit dire du bien le bien » , à condition de le faire.
L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.