Cessons de nous plaindre ! Car se plaindre sans agir conduit à un repli sur soi qui s’exprime politiquement sous forme de xénophobie (c’est la faute à l’autre) et individuellement d’une obstination à ne pas grandir. Agissons donc en relevant les défis qui nous sont jetés.
Ce sont d’abord la chute du système financier et l’absence d’une culture porteuse d’espérance.
Les banques italiennes, inextricablement liées à nos principales banques françaises, se trouvent au bord du gouffre, sous le poids de 360 milliards d’euros de créances douteuses. La Deutsche Bank, la Commerzbank et le Crédit Suisse, grevées de leurs produits financiers dérivés, devenus de purs paris spéculatifs sur les prix à venir, ne tiennent que grâce aux perfusions monétaires de la Banque centrale européenne. Six fonds immobiliers britanniques viennent d’arrêter tout paiement. Nous sommes face à une situation semblable à celle ayant précédé la chute de Lehman Brothers, en pire, pour trois raisons.
- La première est que la proportion de capitaux propres par rapport aux engagements a baissé dans les plus grandes banques. La Deutsche Bank ne possède que 2,76 % de capitaux propres pour couvrir ses risques ! Pire que Lehman en 2008 !
- La seconde est que l’endettement mondial a, depuis, progressé bien plus vite que le taux de croissance réel de l’économie.
- Et la troisième est que plus de 12 000 milliards de créances dans le monde sont aujourd’hui à taux d’intérêt négatifs, ce qui ne permet pas de rémunérer les agents financiers avec des revenus fixes et relativement sûrs, les condamnant, pour se refaire, à emprunter pour investir sur des actifs de plus en plus risqués.
Au bout de la chaîne, répondra-t-on, les banques centrales peuvent toujours continuer à arroser le système en sauvant cyniquement les riches. La réponse est que bientôt ce ne sera plus possible. Car leurs profits ne permettent plus de rembourser les intérêts de leurs dettes. C’est ce que les économistes appellent un moment Minsky, à partir duquel la confiance s’évapore et les participants se retirent du jeu. La conséquence, si rien de substantiel n’est fait, est la chute de tout le système par effet domino, les intérêts des uns et des autres étant trop entremêlés pour pouvoir opérer un triage « à chaud ».
Aussi faut-il procéder à une remise en ordre du système « à froid », afin d’éviter un chaos qui se répercuterait sur toute l’économie physique et exproprierait les épargnants. Ce qui signifie en même temps recapitaliser les institutions financières et les mettre sous un régime de faillite ordonnée, sous tutelle publique, pour annuler leurs dettes et créances illégitimes et repartir d’un bon pied. Bien évidemment, cela suppose que les joueurs qui ont organisé le système criminogène actuel soient écartés du pouvoir. Là est le défi politique fondamental, et non une question « technique » comme on veut nous le faire croire.
L’attitude d’un José Manuel Barroso, devenu président non exécutif de la banque Goldman Sachs, ou celle de l’ancienne commissaire européenne Nelly Kroes, qui a rejoint Uber, sans parler des anciens conseillers de Sarkozy ou de Hollande, montrent bien qu’il n’y a rien à attendre des complices du système actuel. C’est pourquoi le peuple doit remonter sur la scène. Internet, arraché au contrôle de plateformes sans foi ni loi, peut et doit devenir son arme de reconstruction massive.
Le problème, aujourd’hui, est que le peuple est pessimiste. Il ne croit plus pouvoir être acteur du changement. Montrons-lui qu’au contraire son heure est venue. Le Brexit, la chute de Tony Blair, la publication des « 28 pages » sur les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, sont autant de signes que les réputations établies s’effondrent. Ce qui paraissait impossible devient faisable.
Le terrorisme impose l’urgence. Ici, notre combat est de faire renaître l’espérance avec un projet et une culture de la découverte. Si nous le voulons, c’est l’été qui peut venir, c’est l’été qui vient !
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