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mercredi 29 juillet 2015

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L’édito de Jacques Cheminade

Lorsqu’un système vacille sur ses bases et menace d’écraser ceux qui en dépendent, lorsque la guerre économique risque d’enfanter la guerre tout court, le moment est venu de parler haut et d’agir fort. Car pour sortir de ce qui nous détruit, il faut non seulement remettre en cause les bases mêmes de la destruction, mais surtout se battre pour un projet qui ouvre les portes de l’avenir.

Aujourd’hui, au sommet se trouve une oligarchie financière qui étend ses tentacules jusqu’à la bourse de Shanghai et soumet la production de biens et de valeurs à une spéculation destructrice. Ses armes sont les déploiements militaires et policiers, mais bien plus encore le contrôle des esprits. Elle vise ainsi à paralyser l’initiative de ceux dont l’intérêt serait de résister, en flattant leur cupidité individuelle et décrivant tout engagement collectif comme un piège.

Les grandes manœuvres en cours dans les médias français, à moins de deux ans de l’élection présidentielle, sont un exemple de cette stratégie. Les rachats se multiplient dans le secteur et il n’y a dans notre pays pratiquement plus d’organes politiques indépendants, à part des titres comme Médiapart ou Le Canard enchaîné . Un milieu se trouve ainsi créé, au sein duquel les « indépendants » eux-mêmes perdent leur pugnacité. Car le but de la manœuvre n’est pas de faire adopter telle ou telle opinion, mais de plonger l’Opinion dans un monde d’images et de signes qui visent à lui faire croire que l’espoir n’est plus permis. Ainsi on vend les candidatures du trio Hollande-Le Pen-Sarkozy, un candidat sans dents, une candidate avec de fausses dents et un troisième larron dont les dents rayent depuis longtemps tous les planchers.

L’offensive est générale et vise l’idée de progrès. Toute une gauche, en devenant « écologiste », a jeté à la rivière que c’est par une intervention humaine transformant la nature que les conditions pour améliorer le monde peuvent être créées. Le Monde , pour qui, selon Sylvie Kauffmann, « le Congrès d’Oufa n’aura pas lieu » , encense Aurelio Peccei, « premier résistant à la croissance » et le Club de Rome, premier à avoir promu « la limite finie de nos ressources » . Cette gauche-là se trouve punie par sa dislocation, les uns devenant assesseurs d’Angela Merkel et de la City de Londres, les autres hurlant leur malaise dans le désert. Nicolas Hulot, financé par les plus grosses industries françaises, est la caricature de ce double jeu. La droite, quant à elle, prétend revenir au pouvoir en surenchérissant sur les privatisations et l’austérité et en adoptant de fait l’idéologie d’un Eric Zemmour. Pour lui, «  le progrès technique bute sur sa borne anthropologique ; le progrès industriel bute sur sa borne écologique ; le progrès économique, sur sa borne sociale » . Et « le progrès régna à l’ombre de la tombe de Dieu. La mort du progrès sonne déjà le retour de Dieu... Déjà les bataillons de Dieu se mettent à parader et à tuer ».

Le dénominateur commun de tous est un pessimisme désabusé ou rageur, à l’ombre non pas de Dieu, mais de l’effondrement de tout le système financier et culturel atlantiste.

Apparaissent dans ce vide les Minions , «  Moi, moche et méchant » , œufs jaunâtres, « créatures innocentes et stupides aspirant au machiavélisme » : nous, nous-mêmes si nous ne réagissons pas !

L’exemple, n’en déplaise à Mme Kauffmann, nous vient d’Oufa, où les 8 et 9 juillet s’est manifestée la résistance des BRICS et où se sont rassemblés deux semaines plus tard les jeunes venus de ces pays, avec deux représentants de notre mouvement, un Allemand et un Français ! L’espoir vient de Martin O’Malley et d’Elizabeth Warren aux Etats-Unis, et de Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne, qui bousculent tous les Blair, les Bush et les Obama du monde avec l’arme du Glass-Steagall.

A nous de jouer en France, car si l’on ne croit plus à l’idée de progrès, on se soumet à la corruption en perdant sa part d’humanité.


L’édito de Jacques Cheminade est publié tous les 15 jours dans le journal Nouvelle Solidarité.


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