Nous voici parvenus à un moment décisif de notre histoire. Dans le monde, la menace d’une inflation dévastatrice se précise alors que la débâcle de l’OTAN en Afghanistan consacre l’échec des « projections » militaires occidentales. En France, la « reprise économique » n’est qu’une illusion alors que la production demeure inférieure de 2,7 % à son niveau de fin 2019, avec une envolée de notre déficit commercial. Le gouvernement actuel répète ainsi l’impasse politique du gouvernement Mitterrand-Mauroy de 1981, qui aboutit au « tournant de la rigueur » de 1982-1983, annulant progressivement les gains de pouvoir d’achat populaire initiaux faute de réelle volonté politique de changement.
Dans ce contexte, l’élection présidentielle n’apporte qu’un trop plein de candidats qui, au lieu de relever le défi de ces questions essentielles, opèrent derrière une nouvelle Ligne Maginot de l’identité, de l’insécurité et d’une écologie dévoyée et culpabilisante. Les forces du nouveau féodalisme financier et mondialisé se réjouissent de ce chaos impuissant et une nouvelle présidence Macron ou d’un substitut de même nature devient ainsi possible, faute d’opposition à laquelle le peuple puisse croire et adhérer. Si tous jouent selon la règle du jeu, le vainqueur ne peut être que celui qui détient les clés et les codes du casino politique.
Dans le monde, la planche à faux billets électroniques des banques centrales tourne à plein régime, sans générer de production physique de biens, sauf dans les secteurs associés au militaire et à l’immobilier. Cette fausse monnaie se dirige donc vers les actifs financiers dans une économie de marché sous perfusion financière. Le résultat est que les riches s’enrichissent sans créer de substance économique réelle. A terme plus ou moins rapproché, un tel système a toujours conduit à la guerre.
Le sort de l’Afghanistan – comme celui de Haïti, du Yémen ou de la Syrie – est une occasion pour sortir de ce système en prenant conscience que seul un ordre de développement mutuel permettra d’en arrêter le train fou. Se pencher vers les pays les plus dépourvus pour les inclure dans un ordre supérieur de développement mutuel a toujours été la politique assurant la paix. Ce devrait être aujourd’hui la politique de la France. Sans cela, parler de souveraineté nationale est une imposture, alors que les données de notre défense, de notre sécurité intérieure, de notre éducation nationale et bientôt de toute notre santé ont été abandonnées à Microsoft et Palantir, dont on sait les complaisances avec les services de renseignement américains et britanniques. Ce fut le point commun de la politique des Pays non alignés, de De Gaulle et de Roosevelt, c’est celle des Nouvelles Routes de la soie, ce devrait être la nôtre aujourd’hui.
Qu’est-ce qui nous en empêche ? Notre corruption intérieure. La France est dépendante d’une économie de l’immobilier gangrenée par cette corruption. La somme des crédits à l’habitat des particuliers et à l’immobilier des entreprises atteint, selon les dernières données, environ 1700 milliards d’euros. Alors que les crédits à l’équipement de entreprises non financières n’atteint au maximum que 510 milliards et les crédits à la consommation à peine 200 milliards. Résultat ? La spéculation immobilière, avec des effets économiques et sociaux dévastateurs.
Nous proposons, à l’opposé, les solutions pour traiter ce problème à deux faces, international et national. Pour retrouver une économie se développant à marche forcée et liquider le système politique français prédateur. Car il n’y a pas d’autre issue à ce dilemme du prisonnier. On ne peut faire semblant, comme un Mélenchon, un Montebourg ou un Zemmour, un Bertrand, une Pécresse ou un Macron (en cela semblables, à leurs talents près), de résoudre un problème dans les conditions où il se pose. Car ce que l’on refuse de savoir de soi-même, que l’on soit individu ou société, finit par arriver de l’extérieur, comme destin et tragédie.