Paris, le 4 octobre 2012 — Le Président de la République vient de confirmer que la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) sera définitivement arrêtée d’ici 2016. Je suis totalement opposé à cette décision qu’aucune considération d’ordre scientifique, technique, économique ou écologique ne permet de justifier. C’est pour cela qu’une trentaine d’anciens directeurs de nos centrales nucléaires ont eux aussi affirmé, hors de toute considération de politique politicienne, qu’aucun argument rationnel ne justifie cet arrêt prématuré. Je partage leur argumentation. Fessenheim est en réalité l’une des centrales les plus contrôlées et les plus modernisées de notre parc nucléaire. C’est notamment pour cela que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé qu’elle puisse être exploitée pour au moins dix années supplémentaires. Techniquement, ce sont les composants non remplaçables du réacteur, sa cuve et son enceinte de confinement, qui justifient un arrêt au bout d’une soixantaine d’années, c’est-à-dire un peu après 2030.
Je partage surtout le désarroi de tous les travailleurs que j’ai rencontré à Fessenheim le 3 avril 2012, en m’interrogeant sur les emplois directs et indirects perdus si le dispositif qui fournit à l’Alsace 70% de sa consommation d’électricité venait à disparaître. Car il s’agit à la fois de l’emploi et de la substance de notre économie. Je m’engage à combattre pour que cette décision soit annulée, dans toute la mesure de mes moyens.
De deux choses l’une : ou bien le nucléaire est aussi dangereux que les Verts le prétendent et alors il faudrait, comme l’Allemagne, en sortir au plus vite et assumer pleinement les conséquences dramatiques et coûteuses de ce choix.
Ou bien nous désirons au contraire pérenniser notre modèle républicain de justice sociale fondé sur le progrès scientifique et technique, et alors c’est d’une autre transition énergétique que nous avons besoin, celle qui puisse nous conduire, en passant par le nucléaire de la quatrième génération (neutrons rapides, thorium), vers des énergies encore plus denses et efficientes (fusion nucléaire, etc.). Comme je l’ai souligné lors de la campagne présidentielle, il y a de la place à Fessenheim et ailleurs, pour bâtir la plateforme de décollage qui permettra de passer aux formes de production d’énergie de l’avenir, à plus forte et non à plus faible densité énergétique. C’est là que se trouvent les ressources des emplois qualifiés, de la compétitivité et de la réindustrialisation que MM. Hollande et Ayrault affirment vouloir.
Il n’y a pas d’issue qui ramène au passé.