Les Français veulent être respectés pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Ils sont beaucoup plus conscients que leurs dirigeants de ce qu’il faut faire pour servir un projet de société capable de nous unir. Ce projet doit constituer un tout, depuis notre politique internationale jusqu’à l’administration des communes.
Ne sont pas crus ceux qui multiplient les déclarations sur l’identité nationale et ont la peur pour programme. Les Français n’ont pas peur. Ils ne veulent pas être manipulés par ceux qui ne cessent de parler d’ordre public et de sécurité tout en proposant de diminuer les dépenses publiques. Ils ne croient pas ceux qui, lorsqu’ils ont exercé le pouvoir, ont réduit les effectifs de police et laissé la justice sans ressources. Lorsqu’ils votent pour le Front national, c’est le plus souvent sans en connaître le programme et par rejet de tout le reste.
Sont encore moins crus tous ceux qui ont participé au gouvernement actuel et enterré les espoirs du socialisme, comme Mitterrand l’avait fait avec ceux du communisme. Même pas en combattant mais en étouffant. Un Macron ou un Montebourg, qui prétendent s’en détacher, ne sont pas plus crédibles, car ils ont été nourris avec les mœurs et le petit lait du sérail. Un Mélenchon, devenu révolutionnaire après avoir été vingt ans sénateur, et se disant favorable à des énergies rustiques alors qu’il prétend incarner l’avenir, ne peut séduire que ceux qui aiment les belles paroles et les mises en cause.
Aucun ne peut présenter le projet cohérent que les Français attendent. Car tous sont ou ont été complices de réseaux, de pouvoirs et de contre-pouvoirs qui déploient une énergie folle pour s’opposer au changement. Les Français le savent bien : tous nos partis confondus réunissent moins de 400 000 adhérents, moins d’un Français sur cent !
Notre malheur est que l’oligarchie qui occupe notre pays sait écraser tout ce qui s’oppose à elle et intégrer ce qui apparemment s’y oppose, mais en fait la consolide. Cependant, sa vulnérabilité est son impuissance à créer la confiance et prendre la mesure du monde qui vient. C’est là que 2017 nous offre l’occasion de créer les conditions du changement en éveillant l’espoir face au péril.
Dans le monde se tiennent, alors que j’écris ces lignes, le Forum économique oriental de Vladivostok, les 2 et 3 septembre, puis le G20 les 4 et 5. A cette occasion, le gouvernement chinois entend proposer qu’au lieu de réagir aux choses au cas par cas, les puissants de ce monde aient un projet commun de développement mutuel. L’Assemblée générale des Nations unies se tiendra juste après. Voilà le lieu où la France doit retrouver son intérêt et le sens de sa mission ! Car c’est par de grands projets d’infrastructure à l’échelle du monde, par une grande politique de l’espace et de la mer, de l’eau et de l’énergie du futur, que le monde peut faire face au risque de chaos et de guerre, en retrouvant les intérêts communs de l’humanité par delà les différences politiques. Le général de Gaulle l’avait compris, à nous de retrouver notre place !
C’est la condition pour une politique nationale libérée elle aussi des chaînes du système oligarchique et retrouvant la liberté de créer, depuis une école développant les pouvoirs créateurs et le mérite, jusqu’à une politique de souveraineté monétaire et de crédit public pour participer aux grands chantiers de notre pays, de l’Europe, de l’Eurasie et du monde.
L’on ne cesse de nous répéter qu’il n’y a pas d’argent et que les Français sont devenus trop individualistes pour être unis dans un projet. C’est faux.
Nous avons une dette envers les générations passées que nous devons acquitter envers les générations futures. Voilà le vrai sens du mot identité. Quant à coopérer pour le faire, les conseils municipaux nous en donnent l’exemple en travaillant ensemble, en situant le bien commun par delà les divisions partisanes. C’est mon projet, depuis les communes jusqu’à l’échelle de notre politique internationale.
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