Maintenant que la visite du président chinois en France est terminée, il sonne comme un appel à transformer en actes les paroles encourageantes entendues hier lors du mini-sommet Merkel-Macron-Juncker-Xi. Avant l’heure de vérité : le sommet UE-Chine du 9 avril.
Jacques Cheminade, le 23 mars 2019
Le président Xi Jinping arrive à Monaco ce dimanche 24 mars et il sera à Paris les 25 et 26. La France doit saisir l’occasion, avec l’Allemagne et à la suite de l’Italie, pour nouer des relations plus étroites avec la Chine. Aujourd’hui, la Chine est notre partenaire commercial dans de nombreux domaines : aéronautique, spatial, nucléaire, environnement, santé publique, etc. Cependant, il faut aller plus loin. L’idéal serait d’abord que le dîner de l’Élysée du 26 mars, avec les présidents chinois et français, Mme Merkel et M. Juncker, définisse un partenariat stratégique, avant de concrétiser cette entente par un protocole d’accord entre tous, lors du sommet Union européenne-Chine du 9 avril.
La situation internationale actuelle, caractérisée par les menées de milieux politiques néoconservateurs attachés à diviser les pays européens et à opposer l’Occident à la Chine, exige que nous organisions avec elle un cadre global de coopération pour manifester notre indépendance.
Or les dix « mesures concrètes » proposées par la Commission européenne et examinées lors du Conseil du 21 mars, tout en présentant la Chine comme « un rival systémique », laissent peu d’espoir d’aller dans la direction souhaitable. Aussi, le 9 avril, si les choses s’enlisaient dans les sables d’une diplomatie nous rendant vulnérables aux entreprises de forces financières qui ne sont pas attachées à notre souveraineté nationale, la France devrait manifester son indépendance en procédant comme l’Italie. Les dirigeants chinois ne nous demandent pas d’adopter ce que la Commission appelle leur « modèle de gouvernance », mais nous proposent d’établir avec leur pays une politique de développement mutuel. Nous devons saisir la balle au bond, sans antagonisme vis-à-vis d’autres pays, mais en manifestant clairement et politiquement notre volonté.
C’est aujourd’hui un grand moment de danger pour le monde car, aux guerres financières et commerciales, succèdent toujours les guerres tout court si on ne construit pas une politique de paix. Le péril pour nous, dans ces circonstances, est de demeurer soumis à la dictature financière de la City et de Wall Street associées aux GAFAM. Il est temps de sortir de leur piège, autant dans notre politique intérieure que dans nos engagements internationaux.
En disant bienvenue au président Xi Jinping, réfléchissons à ce qu’écrivait l’intellectuel chinois Cai Yuanpei en 1931, appelant à une vision à long terme mariant volonté et émotion : « Il nous faut considérer la vie de tous et l’avantage de l’humanité ; la vie et l’avantage de l’individu repose sur cela. » A l’image de l’horizon 2049 que se fixe la Chine, nous devons penser hors des considérations géopolitiques, en vue d’un monde prospère, démocratique, civilisé, harmonieux et beau. Avec notre culture, notre raison d’être et notre pacte avec la liberté du monde.
Bienvenue au président Xi qui s’est fixé cet objectif pour son pays.